Pop Levi

Prenons le scénario le plus surréaliste. Au hasard : par un beau matin, vous vous réveillez dans la 5ème dimension. Ben oui il fallait bien que ça arrive un jour, alors profitez-en c'est aujourd'hui. On passe sur les détails de base : lieu inconnu, paysage d'un autre temps et visages inhabituels. Vous voilà à alpaguer la foule "où suis-je?", "qui êtes-vous ?" Mais rien y fait. On vous prend pour un timbré, personne ne vous aide, vous ne comprenez pas ce qui vous arrive et commencez sérieusement à vous demander ce que vous avez bien pu gober de si étrange la veille, pour vous retrouver dans une telle situation. On a pas précisé, mais en plus vous portez un kimono rouge vif. Oui, dans la 5ème dimension on a toujours une tenue qui n'aide pas, histoire d'en rajouter un peu. Dépité, vous vous asseyez sur ce qu'on aurait appelé dans votre monde, un banc. Soudain un pokemon trash fait irruption devant vous. Un être d'1m50, les yeux fardés à outrance, casque métallique vissé sur les oreilles se pointe vers vous. La conversation tourne autour de votre étrange accoutrement évidemment, jusqu'au moment où vous commencez à vous intéresser à ce qu'écoute l'être nouveau, dans son super casque. Catastrophe. Vous vous rendez-compte que ce n'est pas de la musique. L'être qui est devant vous écoute un ramassis de sons en tout genre, mais pas de la musique. La musique n'existe plus! Au moment où vous songez sérieusement à vous mettre la corde, vous plongez les mains dans votre kimono, et surprise des surprises, en ressortez votre fidèle IPod. Incroyable ! Les voyages dans la 5ème dimension, sont parfois drôlement bien organisés...

Alors histoire de créer du lien social, dans cette société aux codes encore très abstraits, vous proposer à l'Etre d'écouter un peu de musique et de la lui faire découvrir. Vous faites défiler les plages et scotchez sur Pop Levi, l'ex-bassiste de Ladytron. Voilà ce que vous allez faire écouter. Voilà un artiste aux influences multiples, un londonien parti à ses débuts à Liverpool pour former un groupe (Super Numeri), signé chez les respectables Ninja Tune, puis rapatrié en tant que bassiste chez Ladytron. Aspirant à la liberté d'une carrière solo, Pop Levi, quelques démos en poche se fait repérer par Counter Records, une subdivision de Ninja Tune qui lui offre le luxe d'un premier album solo.


Le second, Never Never Love, le dernier chargement effectué sur votre IPod, vous aidera à définir à ce monde inconnu, la Pop, dans toute sa splendeur. Son énergie et son étonnante facilité qui cache pourtant des heures et des heures d'arrangements. Le titre éponyme Never Never Love et sa rythmique tribale en sera un bon premier ambassadeur. Vous expliquerez que la Pop servait surtout à raconter des histoires d'amours foireuses, comme Dita Dimoné, où la fille se fait la valise, et à en reconstruire d'autres sur des ballades sucrées avec des voix en échos comme Semi-Babe ou le parfait Calling Me Down. Vous décrirez sa hargne toute en guitare avec Wannamama, et sa capacité à vous faire sautiller (Mai's Space). Vous citerez des références incontournables telles que les Scissor Sisters sur Oh God (What Can I Do?), ou Prince avec Everything & Finally. Enfin, vous conclurez en disant qu'à l'image du second album de Pop Levi, la bonne musique doit simplement vous faire ressentir une cascade d'émotions. Oui voilà, de l'émotion à l'état pure.

Sur cette phrase, l'Etre vous regarde et vous demande : « de l'émotion : qu'est-ce que c'est ? ». Vous soupirez... c'est en effet une toute autre époque.