Oasis

« It's getting better man », hululait le Liam des 90's, dos courbé derrière le micro et canette de bière à la main. Une chose est sûre si le titre en question figurait sur le périlleux troisième opus Be Here Now des mancuniens, la ritournelle en question, pourrait bien s'avérer prophétique et annoncer des jours heureux pour Oasis. Pas de doute, la madeleine des Gallagher se conserve toujours aussi bien et a plus que jamais bon goût.

Que tous ceux qui attendent le septième opus d'Oasis, comme la régénérescence d'un groupe britpop pure pression, à une redite de What's the Story Morning Glory ou pire à un remake de Definitely Maybe, que tous ceux là passent leur chemin. Le père Noël n'existe pas les enfants, on se réveille. Attention, n'y voyez pas là un moyen habile de vous ménager, de ne pas choquer vos oreilles fragiles qui jadis, sacralisèrent Oasis y voyant le meilleur moyen de panser les plaies de l'après Kurt. Non, bien loin de là cette idée. Ne voyez pas en ces lignes la volonté de ne pas vous faire de mal et de vous cacher la réalité. Croyez plutôt ici avec cette façon de vous éloigner de Dig Out Your Soul en l'expression sincère d'un bon coup de pied dans l'arrière train. En effet, si vous pensez qu'Oasis est là pour refaire son show habituel et faire croire au retour de ce son mi-Pixies, mi-Pistols agrémenté de cordes ouatées façon The Verve, c'est que vous n'avez toujours rien compris à la philosophie gallagherienne.

Allons bon, vous ne souhaitez pas faire offense à votre réputation de fan invétéré ? Vous qui êtes passés par la coupe au bol, le baggy crade, le doigt d'honneur ficelé en permanence à la menotte, non tout de même, vous pouvez faire mieux que ça. L'explication est simple. De même que les Beatles, Oasis est un groupe qui depuis plusieurs albums est en pleine mutation, multi-facettes, ayant bien compris que pour durer il fallait vivre avec son temps. D'un point de vue esthétique comme musical. Depuis Standing on the Shoulder of Giants, le groupe mute vers la sophistication. Le son d'Oasis s'émancipe de la britpop facile, et s'entiche de voix en echo, de choeurs titanesques ; s'offre les soins des meilleurs studios (Abbey Road pour celui-ci) ou d'un producteur comme Dave Sardy, et embrasse la légende en rameutant Zak Starkey, le fils de Ringo Starr. Le groupe vieillit bien parce qu'il accepte d 'évoluer. C'est tout. Et vous, en tant que fan, vous vous devez de faire pareil. Vous devez comprendre qu'Oasis est un nouveau groupe, en quelque sorte, une nouvelle bande psychédélique.

C'est seulement en ayant ingéré cette idée que vous pourrez apprécier le nouvel opus d'Oasis. Seulement comme ça que vous tomberez sous le charme d'un album à la première partie plutôt fadasse, principalement soutenue par le single The Shock of the Lightning ou par The Turning et sa batterie qui servira de jolie jouet, on n'en doute pas, aux Chemical Brothers, (qui n'ont d'ailleurs pas traîné pour déjà remixé Falling Down). A ce moment là vous pourrez vous laisser bercer par I'm Outta Time, vous faire surprendre par Waiting for the Rapture et son rythme d'intro pompé (oui, mais avec classe) sur Five to One des Doors. C'est dans cet état d'esprit uniquement, que vous reconnaîtrez que The Nature of Reality ou To Be Where There's Life sont des titres qui font de Dig out Your Soul le Revolver d'Oasis. Oui, mais si tout est différent qu'y-a-t-il d'inchangé ? Le songwriting, évidemment, et cet imparable sens de la mélodie : fabuleux, transcendantal, inespéré à l'image de Soldier On.

Dig Out Your Soul est un miracle qu'il faut dorénavant se préparer à assumer.