Noah And The Whale

Nos joyeux Noah and The Whale se sont amusés à brouiller les cartes le temps d’une soirée, dans un fameux club de Londres en avril dernier.
Loin des ambiances feutrées et folk de Peaceful, The World Lays Me Down, la petite troupe de Charlie Fink sort les guitares et pousse les amplis, façon new wave à la sauce punk. Rien que ça ! De ce projet parallèle est né une petite galette, sous le nom évocateur The A Sides, sortie il y a peu.

Interrogés sur le pourquoi de ce revirement électrique et rythmique, les Noah and the Whale répondaient unanimement, avec malice, qu’ils conseillaient à tous ceux et celles qui allaient assister à cette performance de relire The Dirt, biographie de Motley Crue ! Se créant de nouveaux personnages, à raison d’un remaniement vestimentaire kitsch à souhait (à base de veste léopard et grosses lunettes en plastique), et de noms d’emprunts tels que Kingsley Aimless, Peter Ervert, Elston Gunn, ou encore The Eliminator, nos fameux troublions font de l’Univers Musical un vaste terrain de jeu, et s’en donnent à cœur joie, jusqu’à la satire de leur propre image. Un régal, bien loin de l’attitude narquoise de bons nombres de jeunes groupes anglais.

Ainsi, If My Album Sold A Million, savamment intitulé, dresse un portrait ironique de la mainmise du succès, avec une petite pichenette vers les maisons de disques en passant. On redémarre sur les chapeaux de roue avec Hold My Hand As I’m Lowered et son rythme bien plus rock que l’original, avant d’enchainer sur l’excellent Don’t Look Back (emprunté à Smokey Robinson), son petit solo d’orgue détonnant et son final haut perché. Jusqu’à présent, aucun de ces titres ne sauraient être apparentés à la pop sautillante et rafraichissante des Noah and The Whale, et encore moins Fiddle's Cannon, sorte de petit défouloir punk de 44 secondes. En revanche, Waster nous fait immédiatement ressurgir dans un univers plus folk, bercé de guitare acoustique, chœurs et claps, qui ne fait aucun doute quant à son origine, tant on y retrouve la « patte » des Noah. Après la reprise énergique de Daniel Johson Don’t Let The Sun Go Down On Your Grievances, le mini album se finit à la façon d’un Setting Sun, après une déferlante punk rock, au final s’étirant en nappes de clavier et guitare électrique s’étiolant jusqu’à disparaître.

Né d’une envie de « B sides » de leurs propres chansons, nos jeunes anglais ont élargit leur panel sur ce projet en « ajustant » à leurs morceaux trois reprises joyeusement empruntées, le tout pour un ensemble électrique et déluré, nous prouvant que la créativité des Noah and The Whale peut s’étendre bien au-delà du folk et des chansonnettes. Les bénéfices tirés des ventes de ce mini album, disponible uniquement sur vinyle, reviendront exclusivement à l’association Age Concern. Une belle façon de prouver que l’on peut mettre son talent au profit des anciens, même lorsque l’on est un groupe récemment remarqué et que l’on joue cette « musique du diable » qui généralement charme difficilement les plus âgés… Tactique médiatique ou simple générosité de leur part ?

Qu’importe, pourvu que The A Sides nous surprennent encore !