Chronique Album
Date de sortie : 13.10.2008
Label : Moshi Moshi/Cooperative Music
Rédigé par
Chloé Thomas, le 16 février 2009
Un syptôme : l'électro est aujourd'hui partout, même dans le folk et la pop sentimentale; ce n'est donc plus seulement un genre, mais une posture esthétique (voire idéologique) fondamentale que l'on retrouve en toile de fond dans la quasi-totalité de la musique populaire contemporaine.
Or donc, James Yuill, petit anglais pourvu d'un ordinateur portable comme on l'est d'une prothèse vitale, pose en singer-songwriter doublé d'un DJ qui mixe guitare gentille et bonne grosse techno. On appelle déjà cela ici ou là "folktronica". On peut se réjouir d'entendre du folk qui ne se complaise pas dans le rétro (attitude beauf-snob), ou y trouver un peu puante la prétention d'être le son de demain (attitude branché-snob).
C'est à Eno qu'on voudrait penser parfois, à cause de cette voix très douce, grave, et cet écho fantomatique. Head Over Heels est ainsi une belle réussite, et surtout How Could I Lose, justement assez sobre dans l'électronique. Mais le plus souvent, c'est plutôt Sébastien Tellier qui est convoqué, pour un déballage sirupeux enrobé dans de la house fatigante. Heureusement Yuill a un peu plus de retenue que l'insupportable Français. Mais cette qualité toute britannique le dessert aussi quand, tentant d'être dramatique, il échoue à faire décoller la mélodie; The Ghost s'en trouve ainsi gâché.
Electronisé, le folk se trouve vidé de sa substance, qui tient en sa simplicité, sa sincérité, sa proximité. Folkisée, l'électro se retrouve à devoir porter du sens et des sentiments alors que son propos premier est de se détacher de la vacuité du sentimentalisme de collège radio. L'un se perdant en l'autre, on se retrouve avec un produit (éminemment commercial) sans teneur propre, sans support et sans vocation.