Polly Scattergood

Surgie de nulle part et ayant réalisé une ascension fulgurante au cours de ces derniers mois, grâce notamment à un charisme rare et une personnalité très attachante, la jeune song writeuse fait succéder son premier album éponyme à un single qui présentait il y a quelques semaines le titre Other Too Endless. Celui-ci nous dévoilait l’univers foisonnant, si personnel et inventif, d’une artiste hors normes et une mélodie très mélancolique et entraînante où le chant tout en subtilités s’inspirait à la fois de Bjork et de Kate Bush.

Nantie d’une véritable rock attitude et d’un authentique talent de compositrice, lesquels perceptibles dès les premiers titres de l’opus, comme I Hate The Way ou encore Untitled 27, Polly nous ravit par son écriture vive, originale et sensible. En effet, depuis les aériens et dansants Please Don’t Touch et Nitrogen Pink, faisant fortement référence à Dido jusqu’aux plus intimistes, voire trip hop, I Am Strong ou Bunny Club, où on perçoit une filiation avec Tori Amos, la jeune femme nous transporte vers des cieux très poétiques.

Quel que soit le tempo ou bien le registre mélodique, le raffinement des harmonies nous surprend toujours, à l’image d’un Unforgiving Arms très rythmé et progressif qui, malgré son caractère noir, ne sombre jamais dans les larmoiements vocaux. Ainsi, la retenue et la subtilité sont toujours de mise chez Polly et cette forme de pudeur la rend encore plus émouvante. Pour preuve la composition qui clôture l’album, Breathe In Breathe Out, où on ressent dans la moindre note une rare intensité et une profondeur inédite.

En l’espace d’une poignée de chansons toutes plus irrésistibles et inspirées les unes que les autres, Polly Scattergood nous conquiert définitivement, à la fois par la grande fragilité de sa personnalité et par la grande force de sa musique, la première se mettant au service de la seconde. Aussi ce premier album éponyme est-il indubitablement l’une des excellentes surprises de ce début d’année.