Alors que la planète a opéré la mutation de son système de communication et qu’elle s’apprête à réformer son système financier, tel un système d’auto-protection
Archive se réactive. Le groupe à géométrie variable sort un grand album ancré dans l’époque mais qui devrait traverser les années.
Controlling Crowds est un grand album, et
Archive fait partie de ces groupes de musiciens qui se paient le luxe, ou tout simplement le talent, d’en sortir plusieurs dans leur carrière. En 2002,
You All Look The Same To Me était déjà une œuvre majeure.
Le groupe fait ici ce qu’il réussit le mieux : prendre son temps pour planter des paysages sonores, psychédéliquess, puissants, futuristes et apocalyptiques. La durée moyenne d’un titre est de sept minutes. Même s’ils reposent grandement sur la répétition et les boucles, ces chansons à la progression toute maîtrisée n’ennuient jamais. D’ailleurs le morceau de l’album qui me plait le moins est aussi l’un des plus courts (
Words On Signs, seulement 3 minutes 59).
Quatre chanteurs se relaient sur ce disque. C’est l’occasion de retrouver
Rosko John qui faisait partie du premier line-up du groupe. Son rap contribue à relever le tempo du disque et à le rendre plus entraînant que contemplatif, voire à lui donner des accents révolutionnaires. A l’inverse la participation de la chanteuse
Maria Q pousse vers un registre plus jazzy comme sur le très beau
Whore.
Album en trois parties,
Controlling Crowds s'ouvre de la manière la plus sombre. La première phrase de l’album est « Why are we so scared and creeping around, hidden from mirrors and screens all around town… » (ndlr : pourquoi trimballons nous notre peur partout, nous cachant des miroirs et des écrans qui jalonnent les villes.). Après un petit répit pour la seconde partie, le troisième volet est composé des titres
Chaos,
Razed To The Ground et
Funeral. Tout un programme. Seulement, derrière ce monde noir, se dégage néanmoins une énergie et un espoir : si quelqu’un entretient les archives et raconte l’espoir, c’est que l’humanité a survécu. A suivre l’année prochaine puisqu’une quatrième partie de onze morceaux a déjà été enregistrée.
Avec ce septième album, Archive se place dans la même catégorie que le
War Stories d’
Unkle et le
Third de
Portishead.