Super Furry Animals

S'ils figurent indéniablement parmi les formations galloises les plus glorieuses de la dernière décennie, Super Furry Animals ne sont jusqu'alors jamais réellement parvenus à étendre leur règne au-delà des frontières de la Grande-Bretagne. Après un Lovekraft déroutant et le formidable Hey Venus! paru il y a maintenant près de deux ans, Gruff Rhys et ses quatre camarades poursuivent l'aventure avec Dark Days/Light Years, disque inégal tendant à démontrer que la carrière du groupe semble désormais prendre des allures de montagnes russes.

Après neuf albums studio, un Best Of et une poignée d'aventures en solo ou au sein de Neon Neon pour leur leader, Super Furry Animals montrent ici des signes de faiblesses inquiétants et indignes de leur statut jusque là assumé avec brio. En prenant le risque de diviser plus que jamais leur processus créatif entre les différents intervenants, les cinq gallois semblent avoir perdu en cohésion ce qu'ils ont gagné en fraîcheur et en dynamisme, la prise de recul de Gruff Rhys au niveau du chant n'étant visiblement qu'une simple conséquence de ce choix. A l'image du titre d'ouverture, Crazy Naked Girls, Dark Days/Light Years semble être né de longues sessions de jam en studio durant lesquelles le groupe a laissé libre cours à son imagination, la qualité des compositions et des mélodies moins excitantes et psychédéliques qu'à l'accoutumée rendant l'écoute du disque moins captivante par instant.

La diversité pourrait ainsi être le maître mot du disque si l'humour et l'ironie ne l'étaient pas déjà. Que l'on considère le surprenant mais aguicheur Inaugural Trams, partiellement chanté dans la langue de Goethe par Nick McCarthy (Franz Ferdinand), The Very Best Of Neil Diamond dont l'intérêt se révèle inversement proportionnel à son propre titre, le très traditionnel Inconvenience, ou encore un Mt. tout aussi entêtant que ses paroles peuvent sembler risibles (« it was a big fucking mountain, so I climbed up the mountain »), le groupe se joue de l'auditeur sans la moindre honte mais peine à maintenir le même niveau d'exigence sur la durée. En effet, si la première moitié du disque possède ses quelques éclairs de génie, difficile de réellement s'enthousiasmer pour une seconde moitié dénuée d'imagination et traversée avec un certain désintérêt.

Plus aussi souverains qu’ils ne l’étaient encore récemment, Super Furry Animals montrent avec ce Dark Days/Light Years de surprenants signes d’essoufflement. Si leur savoir-faire pop fait encore des étincelles de manière ponctuelle, le disque, dans sa globalité, ne fera pas oublier ses illustres prédécesseurs.