Chronique Album
Date de sortie : 26.10.2009
Label : Warp Records
Rédigé par
Emeline, le 19 novembre 2009
Voilà un petit moment que l’on n’avait pas entendu parler de Broadcast. Connu pour avoir sorti une poignée d’albums et d’EPS sur le très bon label anglais électro Warp (de The Noise Made By People en 2000 à Tender Buttons en 2005), le groupe de Birmingham emmené par Trish Keenan et James Cargill revient enfin proposer de nouveaux titres.
Et pas n’importe lesquels puisque ceux-ci ont été conçus en collaboration avec The Focus Group, patronyme intriguant derrière lequel se cache Julian House, graphiste réputé et co-fondateur du label electronica Ghost Box.
Le contexte étant ainsi posé, difficile donc d’imaginer que Broadcast & cie allaient lisser leur manière d’envisager la musique sur ce Investigate Witchcults Of The Radio Age, ni proposer un collectif de chansons absolument mélodieux et/ou immédiatement accrocheuses. Ceux étant adeptes de linéarité, de structures sur mesure et de refrains aguichants devront alors passer leur chemin sur ce disque. En revanche, les mélomanes adeptes d’expérimentations sonores psychédéliques, d’électronica baroque et d’ambiant-folk bricolé seront gâtés, car c’est bel et bien à une œuvre abstraite et impalpable que ces Anglais nous confrontent. Soit autant de chemins de traverse et d'embûches sinueuses qui pourront semer plus d’un auditeur tout comme en fasciner d’autres.
En demi-teinte donc, Investigate Witchcults Of The Radio Age se démarque d’abord par son foisonnement de titres, certes courts : vingt-trois. Et qui dit nombreux titres, dit forcément morceaux en-dessus et en-dessous de certains autres. Mais globalement, le disque tient en haleine. Représentant une véritable œuvre compacte plutôt qu’une simple compilation d’extraits musicaux, il charme par ses multiples sonorités électroniques ou acoustico-orientales (We Are After All Here), ses voix angéliques (I See, So I see So) et cocorosiennes (A Seancing Song) ou quelques plages instrumentales
(One million years ago).
Confrontant cultures, styles et époques, Broadcast And The Focus Group diffusent des patchworks musicaux tous plus bigarrés les uns que les autres qui ne répondent à aucune logique apparente, si bien qu’on a aussi bien l’impression d’écouter une Bande Originale d’un vieux film expérimental muet (A Medium's High) qu’une démo oubliée dont DJ Shadow, Tortoise (Ritual, Looking In), Boards of Canada ou Dance Can Dance (The Be Colony) auraient pu être les signataires dans un moment d’extrême paranoïa créatrice.
Tout n’est cependant pas parfait – quelques titres sont même plutôt indigestes (Drug Party, A Quiet Moment...) - mais l’ensemble fait preuve d’une imagination sans borne et d’une expérimentation véritablement creusée, formant un rêve éveillé fantastique et inspiré où se côtoient agréablement univers cinématographique, ambiances religieuses ou paysages de conte de fées. Un relatif bel apéro avant le plat de résistance annoncé pour 2010 avec la sortie d’un nouvel album de Broadcast !