Idlewild

Il faut bien l'avouer, personne ne s'attendait à la sortie d'un nouvel album d'Idlewild. Six années se sont écoulées depuis leur dernier effort, Interview Music, et même si le rythme de publication du groupe tournait en moyenne autour de cinq ans depuis Post Electric Blues, ce retour constitue une véritable surprise. D'autant plus que leur leader, Roddy Woomble, avait adopté un rythme de croisière pour ses disques solo.

Pourtant, ce neuvième disque studio des Écossais est bien réel. Stay Out of Place, premier single publié en juillet, donne le ton immédiatement. On y retrouve leur marque de fabrique : des guitares gorgées de distorsion alternant avec des passages plus acoustiques, une recette que l'on apprécie chez Idlewild. La voix intacte de Roddy Woomble se mêle aux instruments et à une mélodie au faux tempo, nous replongeant quelques années en arrière dans l'univers du groupe, à la fois mélancolique et rugueux. Ce single, qui ouvre également l'album, a été suivi de près par un second extrait, It's Not the First Time. Ce titre débute sur un clavier qui rappelle certains morceaux de Warning/Promises, comme El Capitan, où le groupe employait déjà cet instrument. Plus doux que son prédécesseur, celui-ci se fait très plaisant notamment avec son temps et laisse présager un bel album à venir.

Cet disque éponyme reprend un peu le fil là où Interview Music s'était arrêté en 2019. Le côté noisy reste présent – même si le rythme s'est peut-être ralenti. Idlewild abandonnent le groove présent sur certaines compositions de leur précédent album pour offrir un ensemble plus rêche, porté par des envolées puissantes (Make It Happen) ou avec une basse tendue (Permanent Colours). Le groupe ne cherche pas à surprendre sur les dix morceaux qui composent ce disque. Il retrouve plutôt ce qui fait sa force : une écriture directe, du rock brut allié à la mélancolie, incarnés dans les textes poétiques de Roddy Woomble. Si la rage des débuts s'efface, la magie demeure. Idlewild ont encore des choses à raconter, et la conclusion du disque de End With Sunrise illustre à merveille ce qu'est le groupe aujourd'hui. Entre intro douce un brin synthétique, montée rythmée et final noisy, la verve d'Idlewild reste intacte.

Contrairement à certains come-backs tout à fait dispensables, celui d'Idlewild s'impose naturellement. ce disque éponyme s'affirme comme un retour à ce que les Écossais font de mieux : de la noisy pop indie nourrie de mélancolie. Sans jamais faillir tout au long du disque, Roddy Woomble et ses acolytes nous envoûtent encore avec leurs mélodies irrésistibles.