Frightened Rabbit

Avec pourtant seulement deux albums à leur compteur, et un peu plus d’années d’existence, les Frightened Rabbit, aux côtés de leurs compatriotes de The Twilight Sad, font désormais parti des références du rock écossais. Celui qui brille, celui qui fait du bruit, celui qui éclate. Ils nous avaient laissé il y a deux ans sur un The Midnight Organ Fight flamboyant par moments, plaisant dans l’ensemble, mais avec des commodités empêchant souvent l’ensemble de réellement pouvoir prendre son envol. A l’écoute de The Winter Of Mixed Drinks, cette formule efficace semble avoir été réitérée pour ce nouvel opus.

A leur décharge, aucune véritable surprise ne viendra ponctuer les onze titres de l’album. Mais même doté d’une formule s’étant avérée gagnante, il n’en reste pas moins que les Frightened Rabbit savent composer des chansons enragées et vigoureuses dans une droite lignée d’un rock écossais qui verse entre rugosité et sentimentalité. Ainsi The Winter Of Mixed Drinks sera une histoire dont on connaîtra la fin dès le début, et où l’intérêt demeurera essentiellement dans la manière dont les choses sont contées.

On sent pourtant cette réelle volonté chez les Frightened Rabbit de faire évoluer leur musique, mais le tout de manière assez subtile pour ne pas couper les liens de filiation d’avec The Midnight Organ Fight. Cela passe notamment par une réappropriation identitaire de leurs compositions. Plus affirmée et moins projetée vers les modèles nord-américains, la musique des Ecossais est désormais plus constante, que ce soit sur le versant folk-rock (The Wrestle, Not Miserable), ou sur le penchant pop-rock (The Loneliness And The Scream). Néanmoins, à titre de comparaison, une jauge représentative sera la mise côte-à-côte des ouvertures de The Midnight Organ Fight – avec l’épique The Modern Leper – et celle de The Winter Of Mixed Drinks– sur Things ; chacune donnera le ton, enclenchera la marche à suivre tout du long. The Winter Of Mixed Drinks, comme son nom l’indique, est un mélange parfois hétérogène de compositions inégales (la belle et douce Swim Until You Can’t See Land contre la relativement faiblarde Living In Colour, ou la Kings Of Leonesque Foot Shooter) rendant la mixture ardue à avaler d’un coup.

Il y a chez Frightened Rabbit un esprit qu’ils parviennent à catalyser de la plus belle manière, mais par moments uniquement, comme si le contraste et les trajectoires de ces étoiles filantes étaient écrits à l’avance, à l’image de la grande morale finale qui nous sera inlassablement contée dès le prologue ; comme pour mieux se concentrer sur la richesse du milieu.