Frightened Rabbit

Dans une certaine mesure, Frightened Rabbit sont à rapprocher de groupes comme The Twilight Sad ou We Were Promised Jetpacks : outre qu’elles soient toutes d’origine écossaise, ces formations n’ont pas acquis dans le reste de l’Europe – ou du moins en France - une notoriété équivalente à celle dont elles bénéficient en terres britanniques.

Pour ce qui est des Frightened Rabbit, il n’y a qu’à se rappeler de leur récent passage à la Flèche d’Or de Paris, et de cette salle bourrée à ras bord de nos cousins d’outre-Manche, pour en convenir. Rien ne dit que le véritable salut du groupe ne viendra pas des États-Unis, où The Winter Of Mixed Drinks avait su se faire remarquer à sa sortie (un clou, c’est fait pour être enfoncé), mais difficile de croire que Pedestrian Verse fera des miracles outre-mesure.
Vous me direz, peut-être bien que Scott Hutchison et sa bande se fichent éperdument de gagner en notoriété, encore et encore. Pour ces adeptes de l’ironie, en témoignent leurs lyrics mi-figue mi-raisin, l’important reste peut-être de continuer à pratiquer leur art, à charpenter ces chansons qu’ils aiment à jouer, pleines de guitares, de vigueur, et de larmes de joie. Un mélange des genres finalement peu original, mais qui fait toujours son petit effet pour peu qu’on ne rechigne pas devant l’emphase et les chanteurs à la voix nasillarde.

Ainsi, Pedestrian Verse nous offre quelques beaux moments de musique, à l’instar de Late March, Death March, morceau lumineux coincé entre le folk bouseux des Mumford And Sons et la grandiloquence d’un Fanfarlo (chœurs...), ou de Holy, dont la basse lourde et la dernière ligne droite, toute en tension et en puissance, sont du meilleur effet. Le titre State Hospital, dévoilé en septembre dernier via un EP du même nom, s’extirpe lui aussi du lot, tranchant avec le reste de l’album par sa rythmique volontiers moins alerte, et sa construction sous forme de longue montée en puissance(ce titre, plus que tout autre, semble véritablement nous raconter une histoire).
Du reste, Pedestrian Verse réserve tout du long de belles choses à l’auditeur, mais rien de transcendant, de formidable, d’incroyable, d’abouti. L’album est à l’image de ce qu’est la discographie du groupe, ni moins bien, ni meilleur. Beaucoup de titres ne brillent ici que par intermittence, et en ce sens, si Backyard Skulls est un morceau sympathique, impossible de ne pas bailler sur la fin tant il tarde à se conclure ; morceau d’ouverture, Acts Of Man est du genre « bien produit » (la batterie claque, la voix se fait claire et puissante), mais ne décolle jamais pour autant.

Nouvel essai pour Frightened Rabbit, nouvelle pièce d’honnêtes artisans. Si vous aimez le folk « maousse », le rock qui n’en oublie pas d’être sensible, ou que vous souhaitez tout simplement bosser votre culture générale, allez-y. Sinon, soyez tranquille : « nothing special happened today ».