Engineers

Un peu plus d'un an après la sortie en juillet dernier de l'album Three Fact Fader, Engineers revient avec deux actualités de taille : un line-up quasi tout neuf (exit Dan Mc Gen et Andrew Sweeney, bienvenue à Matthew Linley, Daniel Land et Ulrich Schnauss, lesquels rejoignent Simon Phipps et Mark Peter) et un troisième opus dense, baptisé Praise of More.

Au menu de ce disque, des titres qui s'inscrivent parfaitement dans la continuité de ce que le groupe anglais nous avait, jusque-là, habitué : on y retrouve son mélange vaporeux de shoegazing allégé et de pop atmosphérique, à travers des synthétiseurs enivrants, des arpèges de guitares qui se répètent dans un écho permanent, et des voix lointaines, délicieusement absorbantes. Pas d'entourloupe donc à l'horizon, Engineers reste fidèle à ce qu'il est : l'un des groupes modernes britanniques qui sait sans doute le mieux tailler des ambiances à la fois cinétiques et épaisses, directes et efficaces. Dommage qu'il se repose cependant un peu trop sur ses lauriers...

Au groupe, on ne pourra enlever certains bons points : son talent pour la production – encore impeccable ici – et son art de cultiver la mouvance à l'intérieur de sa musique relativement constante et de rendre profond et sensible chaque note ou chaque son qui émanent de ses chansons. Bien souvent, cet album séduit d'ailleurs par ses amas musicaux de pure délicatesse ( le folktronica mélancolique de There Will Be Time et ses vocaux à la frontière d'un Elliot Smith ), d'onirisme mélodique (What it's Worth), d'obscurité (la basse lourde de To An Evergreen) ou ses atmosphères puisées dans une réalité rétro-futuriste (Subtober et ses extatiques synthétiseurs, vocoders).

Mais on ne peut toutefois pas s'empêcher de soulever notre frustration face à la lenteur (Las Vega) ou au sur-place (Press Rewind, rock mais lisse) de certains morceaux, qu'on aimerait bien voir se faire parfois chahuter par quelques irruptions d'électricité ou sinon de fantaisie. Car excepté l'excellent et patraque single In Praise Of More, la plupart du temps, on reste entre deux eaux calmes. Et à la longue, c'est un peu fatiguant.