Engineers

Les Anglais reviennent enfin nous donner de leurs nouvelles. Un peu plus et on se serait presque habitué à un silence synonyme de split !

Si pour beaucoup d'entre nous, 2009 rime avec la crise et le vide, du côté d'Engineers, cette année est celle d'un nouvel élan, puisque c'est maintenant que sort ce tant attendu Three Fact Fader, deuxième album dont la réalisation aura été laborieuse : après avoir enregistré avec le producteur Ken Thomas, connu pour avoir œuvré sur des productions de Queen, David Bowie ou encore Sigur Ros, le groupe avait été victime d'une restructuration de sa maison de disques et avait dû laisser en plan ce disque pendant quelques temps.
Mais l'attente aura été bénéfique. Remonté à bloc par son public, le groupe, emmené par le chanteur Simon Phipps, le guitariste Dan MacBean, le bassiste Mark Peters et le batteur Sweeney, propose treize nouveaux titres de relative bonne facture. Fidèles à leur marque de fabrique, les musiciens ne lésinent pas sur les couches de synthétiseurs, les guitares bruitistes et évaporées (l'efficace Crawl From The Wreckrage)et les voix enlacées dans des chœurs aériens et fluides.

C'est donc sans surprise que l'on retrouve des ambiances à la My Bloody Valentine (Hang Your Head), Sigur Ros ou Slowdive (écoutez l'introduction épurée de Bright As We Fall et sa chute tendue et puissante, le très bon Helped by Science ? ) ainsi que quelques réminiscences à ses anciens opus, dont le mini Folly, paru en 2004 et le premier album Engineers, publié en 2005.
Flirtant tant entre shoegazing, post-rock (l'éclat de The Fear has Gone), pop simpliste ( le dispensable International Dirge), et rock plus direct (le tout aussi dispensable Sometimes I Realise), l'opus réserve toutefois quelques sonorités électroniques totalement bienvenues sur l'excitant What Pushed Us Together, pour mieux faire contraster celles acoustiques, qui, ici, ne font qu'une simple apparition sur l'extatique Be What Your Are, qui n'est pas sans rappeler Air.

Le sempiternel problème avec la musique d'Engineers, c'est qu'au final, elle peine toujours autant à s'élever et qu'elle se complait trop souvent dans un vaste style et terrain de jeu où il apparaît parfois difficile de filtrer uniquement l'efficace et l'essentiel.