Engineers

Même si cela peut paraître pour le peu bizarre au prime abord, le moins que l’on puisse dire est que ces Engineers portent très bien leur nom : en effet, les six titres (cinq chansons et un instrumental) de ce Folly ont tous pour point commun un son énorme et une production assez exceptionnelle pour un tout premier disque.
Ces quatre anglais réussissent l’exploit de concilier de belles et simples mélodies acoustiques avec un univers sonore bien personnel pour aboutir à une pop expérimentale du plus bel effet ; un peu comme si les Beatles et Pink Floyd faisaient chambre commune l’espace d’un instant (sensation palpable sur l’impeccable If I Were A Carpenter).

Pourtant d’entrée, le démarrage de ce Polly avec la superbe A Given Right surprend franchement: l’ambiance très particulière est uniquement basée sur des nappes synthétiques qui n’auraient pas démérité sur la B.O d’un film de David Lynch, et lorsque la voix ténébreuse de Simon Philips surgit, elle nous emmène bien loin des habituelles ritournelles pop inoffensives; on comprend fort bien alors pourquoi les Engineers revendiquent fortement des influences comme Brian Eno ou The Cocteau Twins.
Le dernier morceau instrumental Pictobug (qui porte très bien son nom ! question de sensation…) est lui aussi un voyage minimaliste et spécial mais au final assez impressionnant pour peu qu’on accepte de se laisse aller (sous peine de trouver ces 7 minutes particulièrement longues !).
Mais attention, même si ces Engineers maîtrisent parfaitement sonorités électroniques et autres outils de studio, leur musique n’est pas du tout « électro » tant ces effets d’ambiance se posent là en parfaits enrobages de leur pop classieuse et aérienne : leur single Come In Out Of The Rain ou la ténébreuse Nature’s Editing en sont de parfaits exemples mais c’est la superbe Forgiveness qui remporte l’adhésion immédiate par sa mélodie entraînante.

Bonne surprise donc que ce Folly qui peut aussi bien plaire aux fans d’Archive qu’à ceux des Delays et qui s’avère, au final, singulièrement passionnant même si un certain effort est peut-être nécessaire pour rentrer pleinement dans l’univers aérien et intemporel des Engineers.
On attend la suite avec impatience...