Dan Michaelson

Le side project Dan Michaelson And The Coastguards est né de quelques chansons. Quelques chansons écrites par Michaelson et qui ne « convenaient pas » au genre de son groupe, Absentee. Un an plus tard, le premier album signé Dan Michaelson And The Coastguards était né. Saltwater réunissait alors un casting indie assez impressionnant, d’Arnulf de KT Tunstall à Romeo Stodart des Magic Numbers en passant par Steven Adams de Broken Family Band. Trois ans plus tard, un deuxième album naît. Avec un casting réduit à quatre coastguards, Henry Spenner, Sanjay Mitra, Laurie Earle et Horse. Sans guest stars, donc, et sans autres fioritures.

Ce qui frappe le plus à l’écoute de cet album, comme à l’écoute de n’importe quel album de Michaelson, c’est sa voix très particulière. Une voix grave et caverneuse. Une voix de baryton. Une voix de crooner. Mais l’avantage de cet album, c’est qu’il est d’une telle épure, qu’on ne peut que s’attarder sur cette voix singulière. Et le disque lui-même est d’un style particulier. L’artiste a décidé d’en faire peu, pour faire mieux. « I just wanted to keep it simple, which turns out to be a complicated task », explique-t-il lui-même. Il n’y a qu’à écouter ces deux chansons pour s’en persuader : You Have Those Ways et Dust. Cette dernière affiche une très longue introduction à la guitare sèche. Dans You Have Those Ways, c’est carrément toute la première moitié de la chanson qui n’est jouée que par quelques notes de guitare et le résultat n’est pas mauvais. Autre spécificité : le rythme est très lent. Ce qui peut plaire, ou ne pas plaire. Les nombreux temps morts devraient en décourager plus d’un.

Même quand le rythme s’accélère, comme sur The Wait Is Over, le chant reste très lent, comme à la traîne. La volonté du compositeur était aussi de faire un album « live », du style musique intimiste, façon « musique de chambre ». Sur You Have Those Ways, vous entendez les frottements de doigts sur les cordes de la guitare. En ce qui concerne le texte, l’auteur est souvent loué pour la richesse de ses paroles sombres, lyriques, mélancoliques. Elles sont surtout d’une beauté simple. « And when you know what you’re missing/ then you don’t mind missing some more » sur Love Lends A Hand ou encore « If not for you, then what am I for? » en sont de bons exemples. Elles tombent sous le sens, mais elles parlent à tout le monde: « I know I’m not all that you hoped for », nous dit Michaelson sur Something Awful/Dancing, une des chansons dont il se dit le plus fier. Mais les paroles sont aussi trop répétitives par moments, tel le sempiternel « If I call you my own, would you do the same? » sur Forever.

La question fondamentale est la suivante : est-ce que le groupe Absentee devrait se mordre les doigts, d’avoir un jour refusé ces quelques chansons de Michaelson ? En un sens, oui. Parce que son premier album, Saltwater, reçu un grand succès critique et que voilà un nouveau disque comme les critiques les aiment, à savoir épuré, porté par la voix caverneuse de Dan Michaelson, sur un son live artificiel et des paroles mélancolico-lyriques. De quoi s’en vouloir d’avoir laissé passer ça. Un album original et peu commercial, mais pourtant, c’est bien là son plus gros inconvénient : d'une extrême lenteur, et mené par une voix que tout le monde n’appréciera pas d’emblée, l’album risque d’avoir du mal à attirer un public très large.

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