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The Streets

Computers And Blues

The Streets - Computers And Blues
Chronique Album
Date de sortie : 07.02.2011
Label : 679
3
Rédigé par Julien Soullière, le 1er février 2011
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The Streets est mort, vive The Streets. C’est acté depuis quelques temps déjà, Computers And Blues est le dernier album publié par Mike Skinner sous ce qui n’est autre que l'un des plus célèbres pseudonymes du hip-hop anglais : à court de nouvelles directions musicales, ce qu’il a lui-même confessé dans une interview récemment accordée au Guardian, l’auteur du cultissime Original Pirate Material, aujourd’hui libre de tout contrat, préfère en effet s’évader vers d’autres horizons, artistiques ou non. Un cinquième album en forme de révérence donc, à qui incombait la responsabilité de clore, avec la manière, le chapitre The Streets. On a vu plus évident.

Disons le d’entrée : Computers And Blues n’est pas ce que Skinner a charpenté de mieux dans son honorable carrière, le garçon commettant ici et là quelques fautes de goût bien grasses (la première étant d’avoir quelque peu pêché par excès en ne proposant rien de moins que quatorze titres). Impossible, pourtant, de ne pas tempérer les frustrations, d’une part parce que le dernier jet d’un groupe ou d’un artiste, c’est une règle, n’est jamais à la hauteur de ce que les uns et les autres en attendaient, et, d’autre part, parce que ce nouveau disque est une bonne synthèse de ce qu’a été The Streets depuis Original Pirate Material: Computers And Blues ne se fait donc pas chiche en bons moments, de ceux qui nous rappellent pourquoi Skinner, à coups de rimes bien senties et de textes bien écrits, nous a tant séduits par le passé. On ne lui en demandait peut-être pas plus.

Éclectique, dans ses thèmes (on y parle bébé sur Blip On A Screen, réseaux sociaux sur OMG, et, forcément, page qui se tourne sur Lock The Locks) comme dans ses ambiances, Computers And Blues est l’œuvre d’un artiste qui, loin de se préoccuper du qu’en dira-t-on, mais néanmoins conscient qu’on ne tire sa révérence qu’une fois, n’a pas eu d’autre volonté que celle de se faire plaisir. Un parti-pris respectable et qui n’empêche visiblement pas de composer d’excellents morceaux. Ainsi, de la rythmique lourde et hypnotique du sophistiqué Outside Inside, au groove élégant et malicieux de Trust Me, en passant par les somptueux Trying To Kill M.E. et Blip On A Screen, le flow imparable du rappeur anglais fait une fois encore des siennes. Non, Computers And Blues n’est pas un objet honteux.

Mais il n’est pas passionnant non plus. Le souci majeur, on le disait déjà, c’est que le disque est bien trop long, et Skinner aurait sûrement gagné à se concentrer sur un nombre plus restreint de titres (le sirupeux à mort We Can Never Be Friends n’aurait manqué à personne), ou, à défaut, à en retravailler certains en profondeur. Faire dans la dubstep bien cradingue, pourquoi pas, mais pas pour nous sortir un morceau de le trempe, médiocre il faut bien le dire, de ABC.
Au-delà de ce constat, si on ne peut reprocher à Skinner de vouloir laisser sa personnalité s’exprimer pleinement (n’en déplaise à ceux qui ne veulent que du dark et de l’underground), difficile de ne pas avoir le sourcil qui frétille à l’écoute des vocalises baveuses et/ou vocodées qui nous sont imposées dans certains titres. En ce sens, inviter Rob Harvey (ex-The Music) à pousser la chansonnette sur Going Through Hell n’était clairement pas la meilleure des trouvailles. Ou comment un refrain peut vous ruiner, en moins de temps qu’il n'en faut pour le dire, des couplets aussi jouissifs qu’épiques. Ou comment, dans le même ordre d'idée, laisser une chanteuse de R&B bas de gamme faire pour vous (OMG) ce que vous faite de toute façon mieux qu’elle (Trying To Kill M.E).

Computers And Blues ne réconciliera donc pas la Terre entière avec Mike Skinner, nul besoin de faire comme si. Mais entre les quelques bons morceaux proposés par cet album, et ceux que l’on peut savourer sur Cyberspace And Reds (publié récemment sur Internet), il y a malgré tout assez de matière pour ne pas quitter The Streets en de trop mauvais termes. Vive The Streets, The Streets est mort.
tracklisting
    01. Outside Inside
  • 02. Going Through Hell
  • 03. Roof Of You Car
  • 04. Puzzled By People
  • 05. Without A Blink
  • 06. Blip On A Screen
  • 07. Those That Don't Know
  • 08. Soldiers
  • 09. We Can Never Be Friends
  • 10. ABC
  • 11. OMG
  • 12. Trying To Kill M.E.
  • 13. Trust Me
  • 14. Lock The Locks
titres conseillés
    Blip On A Screen, Trying To Kill M.E., Trust Me
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