Avec près de vingt ans d'existence et après avoir enflammé toutes les plus grandes salles de France, Asian Dub Foundation nous reviennent au Nouveau Casino, salle à la capacité plus modeste que celles de leurs derniers passages. Ce choix est-il délibéré ou une conséquence du déclin de la carrière des britanniques ? En effet, malgré des prestations scéniques toujours aussi remarquées, leur discographie semble avoir perdue en variété au fil des ans, ayant eu pour effet de lasser leurs fans les plus assidus.
Malgré cela, la petite salle parisienne est tout de même pleine à craquer pour célébrer leur retour sur notre territoire après près de trois ans d'absence dans la capitale. En guise de première partie,
DJ Soundar assure une mise en bouche sonore agréable au son de son mix de musiques indiennes.

Le public s'étant amassé dans la fosse,
Asian Dub Foundation peut enfin attaquer son show avec l'introduction instrumentale sur fond de flûte traversière,
Bride Of Punkara, tirée du dernier album
A History Of Now. C'est avec le très énergique
Rise To The Challenge que le concert débute véritablement avec l'entrée sur scène des deux MCs, Al Rumjen et Aktarv8r. Ceux-ci maitrisent la scène à la perfection, lancent parfaitement soirée et essayent de réveiller la salle, alors quelque peu endormie. Après ce titre ravageur nous ramenant aux plus grandes années du groupe avec l'album
Enemy Of The Enemy, les britanniques en profitent pour nous faire découvrir les morceaux tirés de leur dernier disque. Même si ceux-ci sont plutôt agréables et dégagent la même énergie tantôt Jungle tantôt Drum And Bass, ils n'atteignent pas le niveau des premières compositions. Tous les ingrédients habituels (chant engagé, percussions entêtantes, musique World entrainante) sont pourtant réunis, mais l'originalité fait malheureusement défaut ici et les samples se répètent les uns après les autres.
Malgré tout, les musiciens n'ont rien perdu de leur énergie communicative et le public semble y trouver son compte. La majorité est cependant en âge d'attendre autre chose et ne demande qu'à s'enflammer sur les sonorités des albums plus anciens. Pendant le première demi-heure, la prestation est dans son ensemble assez lisse et trop professionnelle.
Le tout est sauvé par l'énergie du toujours aussi puissant percussionniste Cyber, éclipsant par moment les autres musiciens grâce à son Dhol, tambour traditionnel asiatique. Cette phase de découverte passée, le groupe semble enfin décidé à redonner un second souffle à la soirée en enchainant des titres plus fédérateurs tels que
Naxalite ou
Dhol Rinse. L'effet sur les fans de la première heure est immédiat et l'on retrouve enfin la musique tant adorée par le passé.

Le set se termine alors sur un
Oil toujours aussi efficace qui semble vraiment laisser tout le monde sur sa faim. Heureusement pour nous, deux de leurs meilleurs titres ont été gardés en réserve. Ils reviennent d'abord avec un
Fortress Europe qui nous rappelle pourquoi Asian Dub Foundation a connu un tel succès y a quelques années. Nous avons enfin droit à la furie que nous attendions depuis le début, et qui nous permet de confirmer que l'album
Enemy Of The Enemy reste bien l'une de leurs plus grandes réussites. Pour finir
Rebel Warrior permet au set de finir sur la même lancée et de rattraper un démarrage poussif.
Au final, Asian Dub Foundation ont délivré comme à son habitude une prestation très efficace qui donnerait la pêche aux plus fatigués. Malheureusement pour eux, ce genre de salle n'est pas vraiment adaptée à leur configuration et les musiciens ont semblé un peu à l'étroit ce soir. Nul doute qu'ils auront prochainement la possibilité de tout ravager sur leur passage lors de la tournée française à venir et pour les prochains festivals auxquels ils participeront. En espérant cette fois qu'ils délaisseront leurs dernières compositions pour se consacrer à l'essentiel et revenir à leurs premiers amours !