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Erland And The Carnival - Nightingale
Chronique Album
Date de sortie : 07.03.2011
Label : Full Time Hobby/PIAS France
4
Rédigé par Amandine, le 5 mars 2011
Erland & The Carnival pourrait être un énième groupe de pop comme il en existe des milliers, il pourrait se fondre dans la masse informe de guimauve et mourir dans l'œuf, aussi vite qu'il n'était apparu. Et pourtant... on est loin du compte.
Si les Londoniens surfent sur la vague britpop laissée presque à l'abandon depuis la fin des 90s, contrairement à de nombreuses formations tentant péniblement de rester la tête hors de l'eau, eux n'ont pas décidé de faire une redite des grands noms de cette scène. Leurs influences sont palpables mais discrètes. Mais quelle est donc la recette d'Erland & The Carnival ?

Tout d'abord, ce groupe n'est pas formé d'amateurs et c'est peut-être justement cette expérience qui les empêche de foncer la tête dans le mur. En effet, c'est autour d'Erland Cooper, grand amateur de musique traditionnelle anglaise et écossaise et spécialiste de Bert Jansch, et de Simon Tong, ancien guitariste de The Verve et depuis homme de l'ombre de Damon Albarn au sein de The Good The Bad And The Queen ou encore Gorillaz, que le projet est né. Ils travaillent tous deux à une compilation folk produite pas David Nock, ce dernier les repère et ils décident de monter une formation. Rejoints par un bassiste et un claviériste, Erland & The Carnival est né.
Après un premier album (enregistré dans le fameux Studio 13 de Damon) début 2010, ils annoncent en janvier dernier l'arrivée de Nightingale via un magnifique teaser (vérifiez par vous-mêmes ici).

Pour une première impression sur cet album, le côté nostalgique de la pochette avec les posters de Starsky & Hutch et la petite sœur sautant sur le lit pourraient nous ramener à une musique inscrite dans une époque révolue. Pourtant, celle délivrée ici semble plus intemporelle qu'autre chose. Cet album, à l'image du The Hazards Of Love des Decemberists, raconte une histoire sombre, parfois presque tragique. A l'inverse des Américains, Erland et ses compères ont préféré garder la technique du refrain imparable avec les chœurs et des petites touches pop... façon film de Tim Burton tant l'ambiance est sombre.
Ils puisent leur inspiration un peu partout : le Livre des Morts égyptien pour Wealldie, des poèmes pour Emmeline et Dream Of The Rood ou encore une œuvre de l'artiste anglais Grayson Perry pour leur premier single, Map Of An Englishman (ils reprennent d'ailleurs l'idée de l'artiste dans leur clip très psychanalytique). Le groupe réussit à en tirer l'essence pour en faire quelque chose d'innovant, à fois enjoué et intriguant : une introduction sur un synthé grelottant (I'm Not Really Here ou This Night), des ballades electro loin des slows conventionnels (East And West ou encore I Wish I Wish).
On traverse un freak show, ces étranges foires aux monstres du XIXème siècle, avec la douceur amère de Map Of An Englishman. Emmeline nous emmène au milieu d'une nature hostile incarnée par les synthés vaporeux puis la chevauchée rythmique accompagnant le chant lancinant. La voix d'outre-tombe de Wealldie nous amène vers un monde fait de roulements de tambour et de riffs de guitare déglingués.

Erland & The Carnival sont parvenus à digérer toutes leurs influences qui ne réapparaissent qu'avec retenue; ils en gardent le lyrisme de Mercury Rev, la candeur de Belle And Sebastian et le génie un peu fou d'un Syd Barrett ou d'un Thom Yorke. Ils tirent ici le meilleur de leurs influences, qu'elles soient musicales ou littéraires sans impression de déjà-vu. Nightingale est un album pop original, d'une douce noirceur.
tracklisting
    01. So Tired In The Morning
  • 02. Map Of An Englishman
  • 03. Emmeline
  • 04. I'm Not Really Here
  • 05. I Wih I Wish
  • 06. This Night
  • 07. Nightingale
  • 08. East And West
  • 09. Springtime
  • 10. Wealldie
  • 11. Dream Of The Rood
  • 12. Nothing Can Remain
  • 13. The Trees They Grow So High
titres conseillés
    Map Of An Englishman, Emmeline
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