La douceur d'un vendredi soir ensoleillé porte l'espoir de concerts mémorables pour cette soirée haute en couleurs à la Flèche d'Or. Comme souvent ces derniers temps, l'affiche est aussi improbable que réjouissante : oser mélanger du rock noisy à de la pop inspirée semble être le nouveau crédo de la salle mais, ce soir, les opposés sont tels que l'on peut tout de même craindre le résultat. Pour ne pas déroger aux habitudes, ce seront une fois encore quatre formations qui se présenteront ce vendredi.
Les premières parties de soirée sont souvent l'occasion pour les salles et les tourneurs de caser un petit groupe local pour faire passer le temps plus ou moins agréablement. C'est donc ce à quoi on s'attend avec
I Come From Pop, Brestois signés chez les dénicheurs de talents Kongfuzi. Autant vous prévenir tout de suite, nos préjugés étaient totalement infondés : I Come From Pop font tout sauf de la figuration et les spectateurs constatent rapidement le talent de ces petits jeunes. Avec un premier EP,
Wicker Chair & Falling Rain , sorti en novembre dernier, il ne faut pas s'étonner si la formation a déjà accompagné Syd Matters ou Owen Pallett lors de premières parties très remarquées.
Au chant, une voix qui n'est pas sans rappeler de grands noms tels que l'écorché vif Elliott Smith ou encore le timbre nasillard mais tellement touchant du frère Pace au sein de Blonde Redhead, à la batterie, un jeu original et déroutant et surtout des guitares tantôt grinçantes, tantôt d'une douceur candide. I Come From Pop créent bien plus que de simples chansons pop : ils partent également dans des envolées bruitistes expérimentales qui permettent à leur musique de survoler les clichés journalistiques. Leurs compositions sont sincères et les musiciens les délivrent avec tout leur cœur et toute leur âme, alternant la délicatesse de la folk servie merveilleusement par cette voix androgyne haut perchée et la rage mêlée au désespoir, hurlée jusqu'aux larmes. Sans aucun doute la découverte du mois... à suivre et à écouter !

Ceux qui suivent ne sont pas de parfaits inconnus et sont attendus au tournant tant la presse musicale les a encensés avec leur deuxième album,
Nightingale, sorti en mars dernier.
Erland & The Carnival, c'est la collaboration d'Erland Cooper, de David Nock et du guitariste Simon Tong. Aujourd'hui, Hannah Peel, une jolie rousse au minois angélique, assurant les premières parties de la bande sur la tournée, les accompagne sur scène pendant presque toute la durée du set. Ceux qui ont su remettre au goût du jour la pop britannique commencent pied au plancher avec l'épique
Emmeline et dès lors, on se dit que l'on va passer un moment assez fou.
Ce qui transparaît le plus dans ce groupe, c'est sa cohésion et la bonne humeur qui y règne, comme une grande fratrie où chacun jouerait un rôle précis : Erland celui du gai luron, Simon celui du grand frère sérieux, David celui du farceur facétieux. Outre cette bonne humeur, il faut bien avouer que les cinq musiciens et la jolie Hannah ne vont pas décevoir, bien au contraire.
Ils proposent la quasi totalité de leur nouvel album, ponctué des deux premiers singles,
Springtime et
Map Of An Englishman. Leur jeu est énergique, toujours juste, chacun des membres trouvant tout naturellement sa place (même si Simon, presque en dehors de la scène, semble vouloir rester le personnage de l'ombre, au sens propre comme au sens figuré) et on découvre en live une pop intemporelle trempée de théâtralité.
Erland Cooper se place en parfait frontman, charismatique et charmeur à souhait. Au fur et à mesure du déroulement du concert, les spectateurs s'amassent devant la scène, toujours plus nombreux, et les applaudissements sont de plus en plus chaleureux. Le groupe ainsi que son auditoire semblent ravis de la prestation que l'on aurait aimée un peu plus longue que quarante-cinq petites minutes.
La soirée continuera de façon plus noisy avec Parts & Labor et Pneu mais nous préférerons rester sur ces deux notes pop qui nous ont ravi les oreilles et les yeux.