Guillemots

La diva qui sommeille en lui ne supportant sans doute plus de partager le doux feu des projecteurs, le brave Fyfe Dangerfield s’en est allé l’espace d’un album solo (Fly Yellow Moon) pour finalement reprendre le chemin de la maison : trois ans après un Red en demi-teinte, le leader des Guillemots renoue avec ses comparses pour nous livrer le troisième effort du groupe, un Walk The River à l’artwork on ne peut plus brillant de justesse dans sa propension à représenter, par le biais du graphisme, l’état d’esprit premier dans lequel on se trouve une fois le disque écouté.

Car à dire vrai, ce que les Guillemots nous ont servi ici est joyeusement foutraque; entre groupe qui n’avait tout bonnement aucune idée de ce à quoi il voulait arriver, et formation qui se fixait comme seul objectif celui de se faire plaisir, notre cœur balance allègrement. A bien y réfléchir pourtant, le gros du problème ne se situe pas là. Lorsque Fyfe Dangerfield et sa bande tentent le grand écart musical entre pop naphtalinisée (Sometimes I Remember Wrong), expérimentations minimalistes (Inside), et envolés un poil boursouflées (I Don’t Feel Amazing Now), l'idée ne semble pas si folle, l’éclectisme ayant déjà fait de petits miracles. Que l’ensemble ne sonne pas comme réellement cohérent, rien de rédhibitoire là-dedans non plus : il est bon, parfois, de voir un groupe ne pas systématiquement enclencher le pilotage automatique. Oui mais voilà, sans inspiration, pas d’idées ; et sans idées, point de souffle.

Et de souffle, ce Walk The River en manque terriblement. Composition étirées plus que de raison, vocalises putassières (de celles que James Walsh lui-même n’aurait pas cautionnées), effets de voix lassants, le disque laisse trop de place au remplissage, et trop peu au plaisir. Et si, au milieu du brouillard, se produisent quelques belles rencontres (on pense à The Basket, au refrain bien senti de Tigers encore à Dancing In The Devil’s Shoes, indéniablement une des choses que le groupe a créé de mieux jusqu’ici), la ballade semble bien longue, pour ne pas dire interminable.

« Music to be heard across the night sky ». C’est par ces mots que Fyfe Dangerfield a choisi de publiquement définir ce qu’est Walk The River à ses yeux. Pas sûr, pourtant, qu’ils soient nombreux à choisir cet album comme nouveau compagnon de route.