Young Legionnaire

Lorsque des musiciens dont les formations passées ont rencontré un certain succès choisissent de se réunir pour fonder un nouveau projet, que faut-il en espérer ? Une énième redite de leurs précédentes productions ? Un alliage inédit s'accompagnant d'une dose nécessaire de nouveauté ? A l'écoute de Crisis Works, Young Legionnaire se situent au jour d'aujourd'hui à la croisée de ces deux états, tout aussi capables de coups d'éclat que de redites dispensables.

Derrière l'intriguant nom choisi par les trois protagonistes se cachaient initialement trois musiciens anglais ayant connu diverses fortunes durant la décennie écoulée. Si William Bowerman (ex-I Was A Cub Scout) s'est éclipsé l'année passée afin de se consacrer à son rôle de percussionniste pour LA ROUX, remplacé depuis par Dean Pearson, le plus prolifique d'entre eux est assurément Paul Mullen dont le chant a fait le bonheur de Yourcodenameis:milo puis The Automatic dans un passé récent. Plus discret en dépit de la réussite critique et commercial rencontré par Bloc Party, Gordon Moakes officie ici encore à la basse et aux chœurs. A la lecture du curriculum vitæ de chacun, il aurait été légitime d'attendre de leur part moult expérimentations sonores plus ou moins accessibles ou une volonté d'exploiter leurs aptitudes avec plus de liberté à travers un side-project dénué de contraintes. Si le trio s'est au final accordé quelques tentatives réussies, Crisis Works est avant tout un disque un peu trop conventionnel et direct.

Produit par Richard Jackson, connu pour ses travaux passés aux cotés de Future Of The Left, The Automatic ou Mclusky), l'album se démarque rapidement par une énergie punk, des riffs de guitare incisifs et la rage vocale d'un Paul Mullen en belle forme. Fortement influencés ici par moult formations américaines, Young Legionnaire font ici preuve d'une fougue presque juvénile, menant les premières compositions à un train d'enfer sans même sembler prendre le temps de surveiller leurs arrières et soigner leurs mélodies parfois trop basiques (Mortage Rock, Twin Victory). Si le manque d'inventivité déçoit ponctuellement, quelques morceaux de bravoure justifient à eux seuls l'intérêt pouvant être porté à ce premier effort. En tête de liste, le progressif Chapter, Verse et sa lourde rythmique ou les plus subtiles A Hole In The World et These Arms pour lequel le jeu des voix apporte une plus-value certaine.

Inégal et parfois peu inspiré, Crisis Works n'est pas la réussite attendue et espérée. Difficile d'exister après Yourcodenameis:milo et Bloc Party...