Une petite demi-heure après l'ouverture des portes du lieu, c'est une affluence encore maigre qui peuple la salle installée à proximité du canal Saint-Martin. Une trentaine de personnes sont éparpillées et discutent de tout et de rien sans attente particulière. Alors que l'on s'attend à devoir faire preuve de patience, les lumières s'éteignent subitement dans un silence de cathédrale à peine perturbé par une poignée d'applaudissements timides. Les trois anglais prennent place sans un mot alors que quelques curieux ont osé s'approcher au premier rang. Si la découverte est totale pour la plus grande frange du public, quelques connaisseurs semblent avoir pris place et secouent leurs têtes dès les premiers titres. La formule adoptée pour le trio est pourtant des plus basiques et peine à s'imposer totalement en ce début de set : point d'effets superflus ou de samples électroniques très en vue ces derniers mois chez de nombreux groupes, juste une formule guitare/basse/batterie maintes fois éprouvée et un son au croisement du punk et du post-hardcore complètement assumé.
Après quelques tentatives de communications avec la salle par l'intermédiaire de Paul Mullen, le groupe semble progressivement prendre une autre dimension alors que la qualité des titres va crescendo. La voix du leader du groupe est immédiatement reconnaissable, tout comme le son de sa guitare digne des premières productions de Yourcodenameis:milo, et le dynamisme de l'anglais rythme donne progressivement le tempo à suivre à ses deux camarades. Sans fioritures, mais avec des mélodies émergeant ponctuellement de la puissance des trois instruments, Young Legionnaire, savent, si ce n'est sur la durée d'un concert, trouver au final un rythme de croisière convenant à merveille à leurs capacités. Le public, progressivement plus compact, ne s'y trompe pas et salue notamment les ultimes titres joués avec un certain entrain, notamment un Chapter, Verse à l'agressivité décuplée alors que le trio se veut plus punk que jamais.