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Tribes

Baby

Tribes - Baby
Chronique Album
Date de sortie : 23.01.2012
Label : Island Records
25
Rédigé par Maxime Delcourt, le 16 janvier 2012
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Dans le milieu du spectacle, une bonne entrée est une entrée qui intrigue. Elle correspond aux prémices d’un récit qui se déroulera dans un espace-temps préétabli. Idéalement, une fois les bases posées, le processus d’accentuation de l’histoire s’installe et accompagne le spectateur jusqu’à l’intrigue finale, le dénouement. Ce principe fondamental, Tribes l’occulte complétement et se fourvoie d’emblée sur son Baby. En instaurant, dès l’ouverture, un enchainement de titres enfantins, presque naïfs, le groupe semble se séquestrer lui-même dans d’inconvenantes situations. Et le pire, c’est qu’il peine à s’en extraire. Seules quelques compositions Halfway Home, Sappho et Alone Or With Friends possèdent l’étoffe du lyrisme. La rose aurait-elle viré au noir ?

Si, dans la critique musicale, on parvient rapidement à rattacher un groupe à un mouvement artistique, trois EPs et singles n’auront pas suffi à cerner les envies de ces jeunes garnements. Après la britpop et le post-punk, ils déclarent leur flamme au plus grand mythe de la musique américaine : le rock. Pas celui dont on raffole, l’autre. Celui qui vise le grandiose pour, finalement, se retrouver triste et nu comme une manufacture désaffectée.
A croire que, comme l’ouvrier qui doit suivre le rythme des machines pour pouvoir produire, Tribes se sent dans l’obligation d’écrire coûte que coûte. Et il n’est rien de pire qu’un artiste qui ne s’avoue pas à lui-même. Décousu et brut, Baby, pauvre de lui, incarne l’inexistence. Moralité : mieux vaut ne pas aller à l’encontre de la culture mainstream et ses innombrables groupes formatés pour, dès que l’occasion se présente, finir par l’embrasser à pleine langue.

Entre les refrains oxygénés, les guitares soupe au lait et l’élégance surannée, on a le sentiment que Tribes est devenu un peu trop bling bling. On peut aussi se demander si le groupe ne s’essoufflerait pas par manque d’assurance ? Cette retenue ressemble en tout cas à un alliage de fainéantise et de crainte. Mais quittons ces chansons un peu légères et semi-absurdes pour en revenir aux rares compositions citées plus haut qui enfoncent tout, sauf les portes grandes ouvertes. Là où la vitalité et la richesse de Baby se cachent. Car Halfway Home et Sappho sont, musicalement, bien plus stimulants que les premiers morceaux ne laissaient le penser. Peut-être las des évidences, et désireux de prouver qu’ils peuvent être de bons songwriters, les anglais se laissent aller vers des refrains sans échos et des couplets sans effets.

On attend quand même plus d’audace au prochain.
tracklisting
    01. Whenever
  • 02. We Were Children
  • 03. Corner Of An English Field
  • 04. Halfway Home
  • 05. Sappho
  • 06. Himalaya
  • 07. Nightdriving
  • 08. When MyDay Comes
  • 09. Walking In The Street
  • 10. Alone Or With Friends
  • 11. Bad Apple
titres conseillés
    Halfway Home, Sappho, Alone Or With Friends
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