Haight-Ashbury

Sonorités directement importées d'Asie, voix caverneuses et embrumées, ce second opus de Haight-Ashbury, le bien nommé Haight-Ashbury 2 : The Ashburys, place directement la barre très haut dans le genre psychédélique. C'est ce même sillon, récemment emprunté sur leur premier effort, Here In The Golden Rays, que creuse une nouvelle fois le trio écossais pour un résultat peut-être plus pop, mais toujours aussi réussi.

Le voyage. C'est le terme qui reste à l'écoute de ce disque. Ce voyage débute dès les premières notes de Maastricht « A Treaty » qui nous font littéralement décoller pour aller sans retour Glasgow - New Delhi. Si cette entrée en matière rappelle étrangement la fulgurance d'un Gold Panda, l'indie rock du trio s'affirme sans détours dès les secondes suivantes, une guitare lourde et une rythmique oppressante se chargeant de nous offrir ce premier uppercut.
L'évident single Sophomore prend la suite sans difficulté, pour ce qui ressemble au tube à l'accent bluesy qui fera se trémousser tous les petits shorts et autres bas vestimentaires lors des prochains festivals estivaux.

Si ce disque est synonyme de voyage, il n'en reste pas moins symbole de plaisir. Il semble en effet impossible de nier le pouvoir hédoniste de cet album à l'univers exalté et totalement libéré. En ce sens, Free Love culmine en milieu de disque avec ses claviers 60's, et parachève ce versant mélodique et entièrement jouissif. Cette force mélodique des Haight-Ashbury repose en grande partie sur l'accord des voix langoureuses mais toujours justes de Kristy et Jennifer, qui, sur chacun des titres, ne cessent d'entremêler leurs timbres pour notre plus grand plaisir.
Buffalo Trace tranche quelque peu avec cette douceur ambiante. Une rythmique martiale, des variations de tempos et une guitare tranchante qui font de ce titre l'un des plus audacieux de ce nouvel album. On aurait souhaité garder cette note piquante en guise de clap de fin mais le groupe préfère nous offrir un digestif qui porte relativement mal son nom. Love, Haight & Ashbury clôture en effet la partie de manière assez étonnante, ou comment une typique balade au piano quelque peu caricaturale nous laisse un arrière goût amer, et jure avec la qualité globale de l'ensemble.

Nous l'avons vu, Haight-Ashbury n'a d’écossaise que la nationalité. Le reste n'appartient à aucune terre et dépasse toutes les frontières. Le groupe virevolte de nuages en nuages, d'une décennie à une autre avec simplicité, cigarettes magiques au bec et l'esprit tourné vers l'utopie. Leur musique n'a semble-t-il qu'une seule limite, celle qui pourrait rapidement poindre, celle de la répétitivité.