Haight-Ashbury

Reprenons quelques éléments d’histoire et géographie : Haight-Ashbury est un quartier de San Francisco ayant connu son heure de gloire dans les années 1960, période durant laquelle les fleurs fleurissaient directement dans les cheveux. Rien de plus logique donc qu’un trio écossais réutilise ce nom pour produire ce qu’ils nomment eux-mêmes du « folk psychédélique ».
Leurs deux premiers albums avaient chacun été chaudement accueillis par la critique ces dernières années, grâce à des compositions aussi planantes qu’envoutantes, relevées par une guitare énergique évitant de tomber dans une léthargie totale.

Malheureusement, on déchante vite à l’écoute de ce troisième album. Car le verdict tombe dès la première écoute et est sans appel : l’ennui est mortel du début à la fin. Pour résumer cet opus, il s’agit de supporter le même air accompagné du même accompagnement à la guitare et des mêmes effets de voix pendant... cinquante-trois minutes.

Pourtant on retrouve une partie de la recette qui a fait le succès des premiers albums, et ce, d’entrée de jeu : Poster Children propose des voix lointaines, aériennes et suaves, accompagnées au piano et à la guitare pour fournir une atmosphère opaque, où les sonorités se confondent rapidement.
Mais on y dénote plusieurs problèmes : les voix sont exagérément floues et lointaines, à tel point qu’il en devient impossible de les distinguer ou même d’en comprendre les paroles. Ce qui, sur une durée aussi longue, agace vite. Il en devient même impossible de distinguer les titres tellement ceux-ci se ressemblent : le même moule a été utilisé pour formater Sepia Song, Leylines, And I (Novena) et une bonne partie du reste de l’album.

Et ce que l’on regrette également par rapport aux premiers albums est la disparition de l’utilisation énergique de la guitare, qui venait apporter toute la saveur à leurs titres. En grattouillant aussi faiblement leur six-corde, le seul effet produit sur l’auditeur ne sera que le déclenchement d’un énième bâillement.
Le clip de leur single Blow Your Mind réalisé en pâte à modeler et en stop motion, mettant en scène des escargots, laisse également dubitatif face à une dose aussi forte de bons sentiments.

Ce que l’on peut accorder à Haight-Ashbury reste l’homogénéité dans leurs compositions, peu de groupes produisant à l’heure actuelle des albums aussi unifiés. Peut-être faut-il également un contexte dans lequel écouter cet album, mais à moins que des substances plus ou moins licites ne soient cachées dans la jaquette du CD, il sera difficile d'y trouver une quelconque source d’intérêt une fois les deux premiers titres passés.