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The Invisible - Rispah
Chronique Album
Date de sortie : 11.06.2012
Label : Ninja Tune
35
Rédigé par Julien Soullière, le 14 juin 2012
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Concubine du roi Saül si l’on en croit l’Ancien Testament, Rispah – l’orthographe peut varier d’un écrit à l’autre – fut aussi le prénom porté des années durant par la mère, aimée et aimante, de David « Dave » Okumu, leader à la peau sombre de The Invisible. Aujourd’hui décédée, elle laisse au monde un fils profondément marqué par une absence qui ne saura jamais être comblée, et, à ce même fils, la force et l’inspiration nécessaires pour bâtir un second album de ses mains. La pauvre femme n’en demandait sûrement pas tant, mais Rispah n’est autre qu’une stèle érigée en sa sainte mémoire : après tout que pouvons-nous face à l’amour, infini, et la douleur, obsédante, d’un homme ?

Rispah est donc l’affaire d’une seule âme, ce qui n’est pas franchement étonnant quand on sait que The Invisible est à l’origine un projet porté par les seules épaules, larges et droites, d’Okumu. Moins évident que son prédécesseur, plus suffocant aussi (pas de resucée de l’entraînant London Girl à l’horizon), ce nouvel opus débute et s’achève sur des bribes de chants spirituels kenyans, de ceux qui ont escortés la mère d’Okumu vers les cieux, et égayés les soirées de ses proches en deuil. Sombre par nature, l’album n’en devient pour autant ni résigné, ni larmoyant, en atteste le turbulent Protection, pavé post-rock de plus de sept minutes qui vient vigoureusement mettre fin à l'album.

Comparativement au premier disque de la formation londonienne, les guitares se crispent ici davantage, les beats se font plus âpres, l’électronique plus menaçante, les voix plus aériennes, et les lignes mélodiques plus vénéneuses encore. Au carrefour éternel des territoires jazz, dub et électronica (on joue, dans une certaine mesure, dans la cours des Massive Attack et autres UNKLE), les compositions du groupe brillent bien souvent – et comme toujours - de mille détails ; elles savent aussi se faire moins charnues, venant à nous dans le plus simple des appareils, à l’image d'un What Happened perdu dans les nuages, et qui vient nous rappeler que le groupe présente quelques similitudes avec ses confrères de TV On The Radio. Alors oui, et le titre évoqué précédemment en est la preuve, le Rispah qui apaise existe bel et bien, évitant au disque d'être totalement hermétique; mais ce Rispah là se fait très rare, laissant la plus part du temps l'auditeur seul face à des éléments aussi terribles que la rugueuse ligne de basse de Lifeline.

Fait de souffre, le second album de The Invisible laisse un goût fort et rance dans la bouche, prolongeant plus les douleurs qu'il ne les apaise. Mais son magnétisme allume tant de mèches dans nos têtes qu'il viendra toujours un moment propice à son écoute.
tracklisting
    01. A Particle Of Love
  • 02. Generational
  • 03. Wings
  • 04. Lifeline
  • 05. What Happened
  • 06. The Great Wound
  • 07. Surrender
  • 08. Utopia
  • 09. The Wall
  • 10. The Stain
  • 11. Protection
titres conseillés
    Wings, What Happened, The Great Wound
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