Race Horses

Au regard de l'artwork grisâtre dédié à ce second album des gallois, on pourrait se demander ce qui à germé dans l'esprit des Race Horses, devenus maîtres dans l'art de nous coller un sourire jusqu'aux oreilles à coup de mélodies pop plus entêtantes les unes que les autres. Chers fans, très chers puristes, soyez rassurés, vous retrouverez bien ces marqueurs dans les trente deux courtes minutes de Furniture. Mais pas uniquement.

Cet album revêt en effet deux facettes assez distinctes. La première s'oriente vers ce que savent très bien faire les gallois, à savoir une musique enjouée qui fanfaronne bien aidée par des claviers sautillants, notamment sur leur premier singl... euh tube, Mates, ou par une basse vrombissante avec l'imparable Sisters. Ce savoir-faire n’entame pas pour autant la crédibilité du groupe qui sait faire accessible tout en ne faisant pas simple, Nobody's Son et son revival eighties en étendard. A ce stade de l'écoute, Goodbye Falkenburg est toujours dans le rétroviseur et on se demande si ce Furniture n'était qu'un bis repetita ? On se trompe.

L'autre pan du disque débute dès les premiers accords de What Am I To Do suivi de près par World 6, interlude irréelle composée d'arpèges féeriques. Dès cet instant, Race Horses prennent une autre dimension et surpassent ce qu'ils ont pu proposer avec leur premier disque. Avec une production plus affirmée, cette seconde partie allie avec brio ce côté clinquant qui les caractérise à des sonorités électroniques et synthétiques. Illustration avec Bad Blood et sa boite à rythmes qui nous expédie directement sur Mars. Ce revirement s'accompagne d'une atmosphère plus mélancolique faisant écho aux thèmes récurrents abordés ici, en l'occurrence l'apparition de la routine et l'érosion des relations humaines sur le long terme. Avec Old And New, morceau qui clôture la partie, le groupe nous déstabilise encore un peu plus et nous offre une ballade comme jamais entendue auparavant. Une mélodie redondante imprègne alors notre cerveau puis arrive un basson, instrument intriguant qui colle à merveille à l'univers sombre et désabusé développé dans ce titre. Ou comment marquer l'auditeur au fer rouge.

On se dit alors que sous cette carapace joviale se joue sans doute autre chose que de la pop désintéressée. Et même si les guitares ont quelques peu été mises au placard au profit des claviers, nous n'y perdons pas au change. Quand certains parleront de régression, je choisirai délibérément la maturation, la maturation d'un groupe qui se bonifie avec le temps et réalise ici un coup de maître.