logo SOV

Egyptian Hip Hop

Good Don't Sleep

Egyptian Hip Hop - Good Don't Sleep
Chronique Album
Date de sortie : 22.10.2012
Label : R&S Records
3
Rédigé par Julien Soullière, le 24 octobre 2012
Bookmark and Share
Certains vont avoir un mal de chien à se délecter du son d'Egyptian Hip-Hop. Aussi sûr que deux et deux font quatre, et qu'Animal Collective foutent la nausée à 50% - ceci est une estimation basse, bien évidemment - de la population mondiale.

Loin de moi l'idée de vouloir faire une quelconque comparaison entre ces deux groupes, ceci dit, avec Good Don't Sleep, les mancuniens ont désormais en commun avec leur cousins new-yorkais cette aptitude à vous crisper tout un auditorium, à creuser une tranchée sèche et sans fond entre ceux qui n'en peuvent plus d'adorer d'un côté, et ceux qui crient au viol intellectuel de l'autre.
Autant Egyptian Hip-Hop étaient restés plutôt sages jusqu'à présent, autant Good Don't Sleep symbolise le choix fort et culotté d'un jeune groupe bien décidé à s'enfoncer dans une voie qui n'offre que peu de possibilités de retour, destination un monde où les rêves post-soirées sont rois.

Et les gros sabots de nos anglais, on les entend racler le bitume dès les premières notes du très math-rock Tobago, ritournelle parsemée ici et là de râles rugueusement sensuels, qui nous prédit un voyage brumeux et à haute teneur psychédélique, et dont la vocation première n'est pas tant de nous sortir de nos rêveries imbibées par l'alcool que de nous y maintenir coûte que coûte. Point de tromperie, l'ambiance cotonneuse dans laquelle est plongé ce morceau introductif vient étreindre chaque parcelle de l'album, même la plus infime, jusqu'à en étouffer la voix geignarde du chanteur.
Ici, tout est plongé dans une profonde léthargie, sans pour autant s'apparenter à une ballade aux abords d'un long fleuve tranquille. Et d'ailleurs, les rêves, dont je parlais déjà un peu plus haut, n'y ressemblent pas non plus. Eux aussi, ils sont du genre insaisissable, s'attachant à jouer la carte de la complexité dès que l'occasion se présente. Mouvants et mouvementés, ils savent bercer les esprits à coups de décharges mélancoliques (Iltoise), mais aussi en appeler aux ombres pour laisser s'exprimer toute leur perfidie (Snake Lane West la paranoiaque, SYH l'industrielle). Un rêve, ça laisse toujours un gout bizarre en bouche, ça pue l'expérimentation, le bizarre.

Et j'ai beau tourner le problème dans tous les sens, rien n'y fait, Good Don't Sleep me pose un souci, un véritable souci. Difficile pour moi d'émettre un avis, du moins, qui me satisfasse vraiment. Excellent dans ses moments les plus pop (Yoro Diallo en tête), crispant à bien d'autres occasions (voix disgracieuse, longueurs), l'album n'en reste pas moins aventureux, fourmillant de détails, non sans jouir d'une identité qui lui est propre. Ce qui ne court pas les rues, on en conviendra aisément. Good Don't Sleep a donc tout de l'album question mark, de l'objet qui se laisse découvrir.
tracklisting
    1. Tobago
  • 2. The White Falls
  • 3. Alalon
  • 4. Yoro Diallo
  • 5. Strange Vale
  • 6. Snake Lane West
  • 7. Pearl Sound
  • 8. SYH
  • 9. One Eyed King
  • 10. Iltoise
titres conseillés
    The White Falls, Yorro Diallo, SYH
notes des lecteurs
Du même artiste