logo SOV

Egyptian Hip Hop

Paris, Point Éphémère - 14 mai 2013

Live-report par Edina Tymp

Bookmark and Share
Can you feel the beat tonight ? C'est la question fondamentale que ce sont posée les deux groupes durant la soirée de ce 14 mai au Point Ephémère, parce qu'un mardi soir, ce n'est pas gagné de réussir à faire danser le parisien, surtout avec la chape de plomb météorologique actuelle.

Les cinq membres de Natas Loves You s'installent sur scène bille en tête : la soirée sera bonne ! Le décor est posé sur une introduction atmosphérique, sur laquelle se superpose une voix aérienne, rappelant de loin en loin le chant des sirènes d'animal collective. Comme un tour de prestidigitation, le groupe, au fur et à mesure des titres, fait monter la sauce jusqu'à ce qu'elle prenne grâce à une belle énergie scénique et communicative. Le ton est sautillant, un tantinet insouciant, une pop résolument dansante et très en place.
Le panel musical de Natas Loves You navigue entre un second morceau chaloupé aux accents funk et quelques refrains bien emmenés, jusqu'à un élan communautaire sur fond de chœurs à la Beach boys. Les voix des trois chanteurs s'allient à merveille et font mouche. Sans un seul rayon de soleil, le groupe réunit les parfaits ingrédients de l'été. Ponctué d'interludes avec de mystérieux instruments de sorciers, le chanteur, toujours aussi motivé agite son sceptre percussif faisant mine de lancer des sorts au public.
Pour finir cette réjouissante prestation, un dernier morceau qui reste bien en tête, notamment grâce à de curieuses expérimentations très réussies au clavier. Beaucoup de variété et de proposition pour cette première partie qui a voulu imposer un Saturday Night Fever en pleine semaine, balançant leurs tignasses 70's dans tous les sens... sans oublier le tambourin, incontournable compagnon des nostalgiques de Yes.

SOV

Après une première date annulée quelques semaines auparavant au même endroit et de nombreuses péripéties durant leur voyage, les musiciens de Egyptian Hip Hop nous signalent avec un soulagement non dissimulé qu'ils sont prêts, qu'ils sont là... tant mieux, ça n'aura pas été sans mal. Avec un style vestimentaire très personnel et décalé, le chanteur Alexander Hewett ondule sur scène dans sa veste en jean à tête de lion du plus bel effet. Serait-ce le retour du grunge ?
Les quatre autres égyptiens restent plus sobres, mais le mot d'ordre reste le dépareillement des couleurs et des styles, avec une mention spéciale pour le claviériste rasta surmonté d'une couronne de dreadlocks. Bien qu'étonnant, le plateau de la soirée reste cohérent. Après une première partie pop rythmée, on embraye sur du psyché-rock.
En effet, ces jeunes loups de Manchester ne font définitivement pas de hip-hop. Ce sera plutôt un feu d'artifice de guitares et basse funk. Ils nous gratifient de leur tube Rad Pitt entre deux élucubrations éléctro. Le deuxième titre, au gimmick de série policière des 90's, nous donne directement le sourire. Ils n'ont pas peur du kitsch et se lancent même dans un grand détournement musical avec l'irrévérence des Black Lips et une affection particulière pour la reverb sur la voix, une batterie et un clavier qui plaquent le rythme et une basse à tendance reggae. Un contraste original et hypnotisant qui dynamite leur rock foufou.

SOV

A partir de là, tout est permis, même une introduction que l'on croirait piquée à Boney M. A l'image de leur tenues vestimentaires, il n'y a plus de style qui compte, plus de genres. Surfant parfois sur du math-rock, offrant un véritable exercice de gymnastique aux guitaristes pour s'amuser par-dessus d'une voix vaporeuse, le roi lion finira par se promener dans le public, nous montrant la meilleure façon de danser, scandant « The beat » aux quatre coins de la salle, le larcen de la guitare et l'ostinato de la basse s'avérant particulièrement touchant pour finir leur set.

En tournée pour promouvoir leur album Good Don't Sleep, ils nous salueront une dernière fois sur le slogan bien trouvé « If you like it, why don't you buy it ? ».