Chad Valley

Persistant dans son projet solo, Hugo Manuel, chanteur de Jonquil, signe un premier album collaboratif sous le nom de Chad Valley. On l’avait laissé avec quelques EPs prometteurs, à la synth-pop glacée et dans l’air du temps. Nous le retrouvons sur un disque décomplexé, n’hésitant pas à piocher dans des productions musclées des années 90s ou dans la new wave des années 80s, en n’oubliant (presque) pas son coté chillwave.

En voyant l’impressionnante liste de collaborations sur cet album, sept morceaux sur onze, on se dit que tout ne peut que très bien se passer à son écoute. Glasser, Twin Shadow, El Perro Del Mar : tout cela donne envie. Mais le problème, c’est qu’on est déjà lassé par la production au bout de trois morceaux. Les couches de synthés s’ajoutent à d’autres nappes de synthés et à des beats dancefloors disco, ou à des percussions steel-drum... La voix plaintive reste en permanence dans le suraigüe si elle n’est pas vocodée à souhait : c’en est trop ! Chad Valley ne renie rien : du kitsch de la vieille boîte à rythme à reverb, aux paroles connotée « If you wanna be my girl / Then you gotta get with my friends ». Quoi ? Certains morceaux n’auraient pas fait tâche dans la pop-dance du début 90s.

Si on se trouve rapidement irrité par cette voix trop poussée, on peut néanmoins compter sur les invités pour sortir un peu de l’impression d’être à une boum du collège en 1994... ou 1984. Les voix féminines apportent cette simplicité et cette douceur qui manquent parfois cruellement. Glasser se fait subtile et envoutante sur Fall 4 U alors que El Perro Del Mar s’inscrit dans un registre plus atmosphérique sur Evening Surrender malgré un son toujours très connoté. On citera également Anne Lise Frøkedal, chanteuse de Harrys Gym, chantant seule sur la planante Fathering/Mothering rappelant Chairlift. On tient enfin un peu de singularité et de nouveauté. Même Totally Enormous Extinct Dinosaurs que l’on avait hâte d’entendre dans un autre registre, ne parvient pas à nous séduire sur My Life Is Complete, même si la fin du disque s'en trouve moins boursouflée.

Quelques écoutes suffisent amplement à faire le tour de cet album hyper produit qui ne restera pas dans les annales. Nous sauverons les participations féminines même si les couches successives de Nutella et de chantilly ne facilitent pas la digestion.