I Am Kloot

Une voix légèrement éraillée accompagnée de quelques délicates notes de guitares empruntant un chemin un peu bluesy. Le décor est planté, nous voici bien au sein du sixième album studio de I Am Kloot. Formé à Manchester en 1999, le trio composé de John Bramwell à la guitare et au chant, Peter Jobson à la basse et Andy Hargreaves à la batterie a toujours eu un sens poussé de la perfection. Depuis leurs débuts, ils n'ont eu de cesse d'écrire des chansons aux paroles ciselées, aux mélodies prenantes mais certainement pas du genre à plaire au plus grand nombre. Leur pop soignée et recherchée est bien présente sur cet opus, pas de doute à avoir là-dessus. Le petit tremblement dans la voix, les doigts qui frottent la six cordes, le pied qui marque le rythme à la batterie, on distingue presque tout, quasiment le moindre son sur Let Them All In. Le morceau se pose là, fait le boulot sans prendre gare nous voilà happés.

Produit, comme leur album précédent, par Craig Potter et Guy Garvey du groupe Elbow, le côté sensible des morceaux de I Am Kloot est ici comme emporté et magnifié par des élans instrumentaux. Ainsi sur Hold Back The Night, les étourdissantes décharges de violons mêlées à la guitare électrique transportent le morceau dans une dimension dramatique qui prend aux tripes.
Après cela, les titres suivants peuvent malheureusement sembler un peu mièvres et convenus. L'archétype des chansons du groupe est là. Car si l'on peut reprocher une chose à I Am Kloot, c'est bien sa marque de fabrique. Il y a comme une prévisibilité inhérente à l'ensemble de leur oeuvre qui fait que l'on reconnaît quasiment instantanément chacun de leur morceau. Des chansons, le plus souvent, pas plus longues que trois minutes telles que Masquerade, sur un ton nonchalant, légèrement entraînant mais pas trop non plus, emplies de mélancolie. Voilà à quoi l'on pourrait résumer la musique de I Am Kloot. Mais cela serait aller un peu vite en besogne.

Sur cet album, le groupe a élargi sa palette, des influences orientales amplifiées par les violons se font sentir sur Hold Back The Night et These Days Are Mine qui dépassent largement les quatre minutes, comme pour tenter de sortir des sentiers battus et rabattus. Le groupe aurait-il fait la tentative de se frotter au Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles ? Cela y ressemble fort en tout cas et n'est absolument pas pour nous déplaire.

On peut regretter que l'ensemble soit au final assez inégal avec quelques titres (Even The Stars, Mouth On Me) en-deçà du reste de l'album. Moins de négligence aurait permis au groupe de sortir un grand disque et d'accéder à une reconnaissance plus importante qui les aurait sortis de l'anonymat immérité les entourant encore trop. Le résultat n'est cependant pas à écouter d'une oreille distraite. Messieurs, encore un petit effort et cela sera peut-être meilleur la prochaine fois ?