Mogwai

Déjà habitués aux bandes originales de films après celle réalisée en 2006 pour Zidane, A 21st Century Portrait, Mogwai réitèrent l’exercice, mais cette fois-ci dans une ambiance toute autre ! En signant la musique de la série Les Revenants, particulièrement appréciée des critiques et du public, les Ecossais ne pouvaient pas mieux tomber. Et pour cause, leur musique instrumentale, à mi-chemin entre rock, post-rock et électronica, illustre à merveille l’ambiance mystérieuse de la production estampillée Canal+, laquelle raconte le retour des morts dans le monde des vivants.

Si l’on retrouve dans cette bande originale la patte artistique qui a toujours fait le talent (et le succès) de Mogwai, à savoir des nappes instrumentales plus ou moins violentes, planantes et électriques, ici, le groupe innove en donnant à ses compositions un aspect plus pur, aéré et dépouillé et à ses arrangements une consistance plus sobre et simplifiée (Whisky Time, What Are They Doing In Heaven Today?, surprenante reprise folk de Charles Elbert datant des années 1900).

Si quelques plages rock persistent (le très rentre-dedans Wizard Motor), exit toutefois les grosses montées de guitares saturées : place à des chansons ayant souvent pour squelette un piano (Jaguar), soutenu par des xylophones, violoncelles, guitares trémolo, rhodes (Eagle Tax à la beauté cristalline).
On retrouvera ainsi des chansons enivrantes dont les thèmes dessinés sont tour à tour angoissants (comme l’excellent Portugal et sa tension crescendo, Fridge Magic), mais aussi lumineux (Special N) ou mélancoliques et sombres ( This Messiah Needs Watching et son synthé-basse gras, The Huts, pompé sur Over de Portishead ), qui s’enchaînent les uns avec les autres dans une parfaite cohérence et une parfaite fluidité.

Lourdes et épiques (Hungry Face, superbe titre qui sert de générique à la série, construit autour d'une batterie tempétueuse), calmes et apaisantes (Kill Jester, Relative Hysteria) ou incandescentes et célestes (Modern), le disque oscille toujours entre compositions lumineuses et arrangements plus noirs, emmenant l’auditeur dans un étrange espace-temps où le calme cache toujours la tempête et où l’insécurité déstabilise la tranquillité à tout bout de champs...

Un disque qui remplit donc bien sa « mission » de vitrine sonore de la série télévisuelle, mais qui est aussi et surtout assez qualitatif et inspiré pour dépasser son simple statut de bande originale.