Roddy Woomble

Roddy Woomble, qui demeurera ad vitam aeternam pour les plus vieux le leader des talentueux Idlewild, nous avait livré, il y a quelque temps, le très délicat The Impossible Song & Other Songs. Terré sur l’île de Mull et collaborant avec les artistes locaux, il avait réussi une reconversion inattendue, alliant ses talents de songwriter à ceux du folklore écossais. Aujourd’hui, c’est avec Listen To Keep qu’il récidive.

De prime abord dans la même veine que son album précédent, dès les premières minutes (Making Myths), on grince des dents à l’écoute des backing vocals plus que dispensables.
Alors que Roddy Woomble avait jusqu’à présent toujours fait preuve de délicatesse et de parcimonie dans ses arrangements, il semble avoir oublié la finesse pour verser dans un mauvais goût relavant plus de la mauvaise variété que de la folk traditionnelle : des chœurs féminins dignes des charts variété française (The Last Of My Kind n’est qu’un exemple parmi tant d’autres), des mélodies mièvres et sans intérêt (Build It To Break), mais qu’est-il donc arrivé à notre Ecossais ?

Durant toute la première moitié de ce Listen To Keep, Roddy Woomble peine à retrouver de sa superbe. On savait depuis quelques années qu’il en fallait peu pour qu’il bascule du côté sombre mais c’est aussi cet équilibre fragile qui faisait toute la beauté de sa musique. Aujourd’hui, on penserait presque qu’il est en mal d’inspiration ou que son autarcie ne lui sied plus du tout.
Fort heureusement, vient enfin The Universe Is On My Side et son introduction acoustique menant à une orchestration enfin dosée plus justement ; néanmoins, l’intérêt du titre est renforcé par le fait que durant les six premiers morceaux, l’auditeur ne peut que s’ennuyer de pied ferme. C’est enfin avec I Know Where You Went Wrong que Roddy Woomble se décolle de ses travers de début d’album et que Listen To Keep prend son envol : on retrouve enfin ce phrasé si caractéristique, presque à contretemps, tandis que les guitares acoustique et électrique se font écho. L’Ecossais, aussi connu pour ses ballades langoureuses, récidive avec Into The Distance On Luck qui, malgré son caractère conventionnel, fonctionne à merveille.

Listen To Keep est donc un diptyque tranché où le meilleur côtoie le pire. On constate en effet un manque de cohérence flagrant entre les morceaux jusqu'à ce que, comme par magie, l’inspiration ne refasse surface, n’effaçant tout de même pas les fausses notes de départ.