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Depeche Mode

Delta Machine

Depeche Mode - Delta Machine
Chronique Album
Date de sortie : 25.03.2013
Label : Columbia
4
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 25 mars 2013
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Décidemment 2013 est une année riche sur le plan des retours musicaux. Après My Bloody Valentine, David Bowie et Suede, c’est au tour de Depeche Mode de faire leur grand comeback dans les bacs des disquaires. A ce rythme là, on va finir par rêver d’un nouveau Cure, d’un Morrissey ou même d’un troisième album pourtant plus qu’improbable des Stone Roses. Gardons toutefois les pieds sur terre et revenons sur ce Delta Machine, treizième essai des gars de Basildon.

Tout avait commencé avec un décompte horaire sur leur site internet débouchant sur une conférence de presse à la Gaité Lyrique de Paris, celle-ci annonçant une tournée mondiale et un nouveau disque, pas encore intitulé à l’époque. Un premier extrait avait été dévoilé à ce moment là, le chamanique Angel, qui vous lapide d’une soul assaisonnée de beats implacables. Déjà les paroles chantées par Dave Gahan semblaient vouloir nous prêcher la rédemption. Car si le titre de ce disque fait références aux machines, c’est pourtant bien la quête de la foi, du sacré et du divin qui gravite à l’intérieur de cet album. Heaven, premier single à la lenteur sublime, en est une seconde preuve.

L’album marque assurément par son côté glacial. Le début pour le moins oppressant de Welcome To My World en est une parfaite démonstration. Pourtant, lorsque l’orchestration se met en route à l’approche du refrain, l’univers du trio s’illumine à merveille, comme si le passage par la souffrance s’avérait indispensable avant de pouvoir entrevoir la lumière. Sur ce disque, Depeche Mode ont visiblement cherché à s’éloigner de la recette magique qui leur permettait d’enchainer tube sur tube. Il est vrai qu’ils n’ont plus besoin de cela depuis belle lurette. En effet, sortir pour des cinquantenaires un nouveau Everything Counts serait résolument absurde. Les trois anglais se sont à contrario concentrés sur des mélodies aux aspects simples mais bien plus complexes qu’il n’y parait. Par exemple, Slow, où le blues prend place, trouverait une place de choix dans le One Eyed Jacks du Twin Peaks de David Lynch.
Au-delà des compositions de Martin Gore sur Delta Machine, il faut souligner la qualité du chant de Dave Gahan. Sa voix se marie à la perfection avec les mélodies synthétiques mais aussi électriques de son acolyte. Parfois il arrive que le trio s’amuse à relire certains de ses classiques. Broken s’apparente ainsi à une version pop de Little 15, alors que Should Be Higher, l’impeccable Soothe My Soul ou encore Goodbye lorgnent vers une décomposition en plusieurs parties de l’inusable Personnal Jesus. Comme à chaque fois, Martin Gore réussit à placer sa petite douceur musicale (ici The Child Inside) au sein de l’album. A contrario, point d’instrumental pour une fois, le groupe préférant dévoiler treize véritables chansons sur cet opus.

Treizième album, treize chansons, peut-on pour autant parler de disque maudit ? Le disque prend plutôt la forme d’un aboutissement. Certes les compositions ne semblent pas des plus adaptées pour être jouées sur scène, d’autant que le groupe va se produire dans les stades. Cependant, la machine Depeche Mode a plus d’un tour dans son sac et pourrait une fois encore bien surprendre son monde avec une performance live de la plupart des chansons de cet album.
Bien sûr, il faut reconnaître que ce disque n’aura pas le même impact qu’un Violator ou un Exciter. Cette première sortie pour le label Columbia a pourtant le mérite d’être réussie car les trois anglais ont pris le temps et le soin de sortir un disque réfléchi. Aux antipodes des dernières expérimentations musicales de Björk, Depeche Mode ont su trouver un juste milieu entre ce qu’ils sont devenus et ce que leurs fans rêvent toujours entendre. Sans jamais se renier, le trio a su parfaitement s’éloigner de l’étiquette électro pop qu’on leur a trop longtemps accolée. En effet, la quête, pourtant ancienne, de recherche de la sagesse semble en passe d’être atteinte par Depeche Mode.

Elle s’appelle Delta Machine.
tracklisting
    01. Welcome To My World
  • 02. Angel
  • 03. Heaven
  • 04. Secret To The End
  • 05. My Little Universe
  • 06. Slow
  • 07. Broken
  • 08. The Child Inside
  • 09. Soft Touch/Raw Nerve
  • 10. Should Be Higher
  • 11. Alone
  • 12. Soothe My Soul
  • 13. Goodbye
titres conseillés
    Angel - Alone - Soothe My Soul
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