De par l’instabilité météorologique de ces derniers mois, on pouvait craindre une belle douche voire un froid de canard à l’occasion du passage de Depeche Mode et de sa 
Delta Machine au stade de France à Paris, mais fort heureusement il n’en a rien été, bien au contraire. 

 
Après une première partie pour le moins anecdotique de l’ex-leader de Nitzer Ebb, Douglas McCarthy, l’indispensable warm-up DJ set composé par Martin Gore fait doucement monter la pression pendant la quarantaine de minutes qui précède le début du show. A 20h54 précises, une introduction musicale retentit et les trois Depeche Mode, Andrew Fletcher, Dave Gahan et Martin Gore, accompagnés de Christian Eigner à la batterie et de Peter Gordeno au clavier, investissent la grande scène du stade.
Dave Gahan, tout de noir vêtu, veste sombre aux lignes d’argent, Martin Gore en costume bleu à carreaux, Andrew Fletcher lunettes de soleil sur le nez, les anglais lancent les hostilités avec une version de toute beauté de 
Welcome To My World, plage d’ouverture de 
Delta Machine. La voix de Dave Gahan est parfaitement en place et son timbre grave inonde littéralement le Stade de France. Les écrans affichent, dans une typographie manuscrite grise, les lettres qui composent le titre de la chanson d’une manière progressive à mesure que les secondes avancent. Celles-ci viennent s’entrecouper de cercles et renforcent l’effet de puissance déjà produit par la chanson. 

 
On pouvait s’attendre à un gros show visuel tout au long du concert, mais ce ne sera pas vraiment le cas. La plupart du temps, les écrans afficheront la prestation live des membres du groupe dans un format triangulaire, fidèle au style de la pochette du dernier album, et l’essentiel du show se passera bien sur la scène par le jeu produit par le groupe. Martin Gore passe rapidement du clavier à la guitare pour une version très électrique de 
Angel. Dave Gahan, en vrai showman, tournoie, danse et assure le spectacle. Il tombe la veste à l’occasion de 
Walking In My Shoes, premier retour en arrière qui sera loin d’être le dernier de la soirée. En effet, le groupe enchaine les flashbacks, plus ou moins anciens. Il est vrai qu’après trente-deux ans de carrière et avec treize albums à leur actif, la bande de Basildon peut aisément piocher dans sa discographie.  
Precious (avec une étrange projection de vidéos de chiens), 
Black Celebration, 
Policy Of Truth... le public ne peut que se montrer ravi de la setlist du soir. Un 
Should Be Higher aux basses lourdes et oppressantes voit Dave Gahan se rapprocher du public en avançant dans l’allée centrale. Puis 
Barrel Of A Gun, classique de 
Ultra, vient clore la première moitié du set, Dave laissant la place à Martin pour une version de 
Higher Love à l’introduction dépouillée, suivie d’une interprétation poignante de 
Judas en version voix et clavier.
Le groupe revient au grand complet et redémarre en douceur. Le sublime 
Heaven fait vraiment sens sur scène et démontre combien le groupe a su évoluer au cours des dix dernières années. Puis l’autre single de 
Delta Machine, 
Soothe My Soul, l’unique véritable tube de cet album, illumine le Stade de France. 

 
S’ensuit une nouvelle pioche dans le répertoire du groupe avec 
A Pain That I'm Used To remanié à la sauce Jacques Lu Cont, puis le flamboyant 
A Question Of Time qui voit le Stade de France véritablement s’envoler au rythme des tournoiements de Dave Gahan. 
Enjoy The Silence en version inédite avec un joli break électro rock, puis l’indispensable 
Personal Jesus, avec intro totalement remaniée sous la forme d’un testament bluesy, font exploser la joie des fans présents au Stade de France. 
Goodbye, ultime morceau de 
Delta Machine, annonce la fin du concert.
Martin et Peter reviennent rapidement sur scène pour une interprétation de 
Home en version acoustique en guise de premier rappel. Puis les autres Depeche Mode les rejoignent et s’élancent dans une interprétation de 
Halo inspirée du remix réalisé par Goldfrapp. Dave Gahan termine le concert avec une écharpe noire autour du cou. Le public s’enflamme dès les premières notes de 
Just Can’t Get Enough, classique des débuts faisant mouche à chaque fois. Puis 
I Feel You et un 
Never Let Me Down de bravoure qui voit le public en parfaite communion avec Dave Gahan, viennent mettre fin à deux heures et quinze minutes de concert. 
Irréprochables du début à la fin les cinq musiciens ont parfaitement su séduire le public parisien, sans pourtant interpréter le moindre titre de leurs précédents opus 
Sounds Of The Universe et 
Exciter, deux albums pourtant majeurs de la discographie du groupe. Prochain exercice de rattrapage pour les fans français en novembre au Grand Stade Lille Métropole.