A peine dix ans après la parution de leur premier album, The Cribs sortent
Payola, une compilation non pas de leurs singles comme beaucoup font, mais de titres sélectionnés parmi leur discographie. Ici, on sent véritablement que le placement de chaque chanson n’a pas été fait au hasard. La preuve, les cinq premières vont de suite rendre compte de l’évolution musicale du groupe.
Alors que les anthologies parcourent chronologiquement la discographie d’un groupe, The Cribs ont, eux, entremêlé leurs titres, débutant sur un
Another Number tiré de leur album éponyme avant de continuer sur
Come On, Be A No-One qui, lui, provient de leur cinquième et dernier album sorti l’année dernière. On peut dès lors entendre directement la transformation du groupe, de la simplicité des arrangements de
The Cribs à la pop de stade de
In The Belly Of The Brazen Bull.
Le troisième titre, tiré de leur troisième album
Men's Needs, Women's Needs, Whatever, est l’entre-deux parfait, d’une structure travaillée et rentre-dedans et avec une production moins alourdie que sur
Come On, Be A No-One.
Puis vient le messie,
Hey Scenesters!, premier single tiré de leur excellent second album
The New Fellas, qui a fait forte impression en 2005. Tout fan du trio fraternel va préférer le rock énervé et brut de décoffrage des débuts, et notamment les compositions tirées de ce second opus qui ont l’insouciance des œuvres de groupes anglais émergeant de ces années-là.
Enfin, la cinquième chanson de cette compilation est
We Share The Same Skies, tirée de
Ignore The Ignorant, quatrième album et probablement le moins réussi de la discographie de The Cribs. Ainsi, avec un titre issu de chacun des cinq albums placés en début de ce Best of, l’auditeur voit défiler en l’espace d’une douzaine de minutes les dix ans de carrière de la formation britannique, chacun d’eux reflétant assez bien chaque album paru.
Globalement, The Cribs n’ont pas opté pour les titres les plus évidents. Ici, pas de
Martell, ni de
Baby Don’t Sweat et autres
Moving Pictures. Toutefois, les vingt-et-unes compositions qui parsèment
Payola parviennent à condenser la discographie du groupe et créer un ensemble relativement cohérent. Les changements de sons et de productions sont certes perceptibles – la transition de
Direction vers
Glitters Like Gold est violente ! –, mais c’est évidemment un choix du groupe de rendre compte de leur avancée durant cette dernière décennie.
L’album se termine par une vignt-deuxième composition, inédite, comme tout bon Best Of qui se respecte.
Leather Jacket Love Song n’est pas récente puisqu’elle a été enregistrée en 2010, alors que Johnny Marr faisait encore partie du groupe, à l’époque des quelques sorties de singles inédits (
So Hot Now, Housewife). Plus proches de leurs débuts, leurs singles, de même que ce
Leather Jacket Love Song, font la part belle aux guitares stridentes et au dynamisme vocal du frontman, s’émancipant de la production pesante des deux derniers albums.
Payola termine donc sur une note positive, le groupe ayant placé en fin de course
Leather Jacket Love Song ainsi que trois des quatre chansons tirées de
The New Fellas. Cela signifie-t-il un retour aux sources sur leur éventuel sixième album ? Espérons-le pour ce groupe qui dernièrement ne nous a que trop rarement enthousiasmés et surpris.