The Computers

Avec son premier album, This is The Computers, le quatuor originaire d'Exeter avait lancé une petite bombe ; à l'instar de ses aînés de l'ère punk, ses titres, ne dépassant pas les deux minutes trente, résonnaient comme le renouveau du garage UK. Après avoir assisté à leurs dernières prestations live, on présageait que The Computers nous préparaient un changement de cap, de ceux qui étonnent, avec des titres visiblement moins rentre-dedans. Le résultat, intitulé Love Triangles, Hate Squares, vient donc reconsidérer le statut d'un groupe trop vite catalogué.

Si The Computers ont su s'imposer, ces derniers mois, comme l'un des groupes de scène les plus déconcertants et énergiques de ces dernières années, leurs récents passages dans la capitale avaient éveillé notre curiosité : les énergumènes auraient-ils changé de registre et auraient-ils choisi de délaisser les 50's pour quelques incartades de douceur pop ? Love Triangles, Hate Squares ne nous donne pas entièrement raison mais sonne résolument plus pop et mainstream que son prédécesseur.

Tout débute sur moins de deux minutes trente de rockabilly endiablé ayant pour conséquence immédiate un balancement incontrôlé du corps (Bring me The Head Of A Hipster) ; dans un style totalement déjanté qui leur est propre, The Computers nous rassurent sur leur devenir et nous démontrent qu'ils n'ont pas perdu le grain de folie qu'on avait tant aimé lors de la sortie de leur premier album. Ils remettent le couvert avec le titre éponyme qui, même s'il est plus calme et plus bluesy, rappellent les débuts, il y a maintenant deux ans.
Néanmoins ce Love Triangles, Hate Squares, n'est pas seulement dédié au garage et au rockabilly. Désireux de s'aventurer un peu plus loin que ce qu'ils savent déjà si bien faire, les Anglais ont décidé d'allonger leurs titres, d'y insuffler moins d'énergie et plus de nuances ; malheureusement, le résultat se révèle moins intéressant et le groupe perd de son empreinte en se popisant (jusqu'à en devenir aussi cheesy qu'un hit des Wham - Call On You ! -). Tout n'est cependant pas perdu pour eux, bien au contraire, et lorsque reviennent des formats plus courts et énergiques tels que Disco Sucks, on se sent rassurés en constatant qu'ils ont encore de sacrées ressources.

The Computers ont ici visiblement tenté de se renouveler, par peur probable de tomber dans une caricature d'eux-mêmes ; tout n'est pas toujours réussi mais avec Sex Texts, ils trouvent le bon équilibre et signent le compromis que l'on attendait : le clavier, certes moins tonitruant que chez leurs amis de The Jim Jones Revue, vient rythmer un titre au chant moins hurlé mais tout aussi efficace, laissant entrevoir ce que pourra être l'avenir du groupe le plus fougueux d'Albion.

Dans cet album en demi-teinte, The Computers tâtonnent encore quelque peu mais démontrent que l'on devra encore compter sur eux car peu nombreux sont les groupes aussi énergiques et charismatiques qu'eux.