Scanners

Déjà auteurs de deux albums en forme de pots-pourris, Scanners se lancent une fois encore dans leur numéro d’équilibriste favori, rappelant au passage qu’ils ont décidémment un véritable problème identitaire. Naviguant à vue entre les styles musicaux, les Londoniens vont jusqu’à foncer sur les écueils plutôt que les éviter, accouchant d’un Love Is Symmetry décousu et pas franchement digeste. Burp.

Alors, difficile de reprocher à un artiste de vouloir explorer d’autres contrées que celles que l’on a pu connaitre comme étant les siennes, ou de vouloir rompre les amarres avec la monotonie qui parfois sait guetter les disques. Mais quand il cherche à tout faire en une fois, à brasser les genres sans se rappeler que certaines choses ne sont pas faites pour être mariées, il a de quoi être circonspect. Rock matiné de psychédélisme, électro-pop, folk, musique de variétés...Scanners jouent sur à peu près tous les tableaux, y vont franco, mais malheureusement chaussés de leurs bons gros sabots.

De là commence alors pour l’auditeur une formidable chasse à la faute de goût, et de laquelle on retirera notamment Charmed Life, les boursouflées Love Is Symmetry et My Streets Are Always In The Shade, sortes de versions karaoké de faces B signées Garbage (sur le premier titre, ce sont surtout les vocalises de Sarah Daly qui font grincer des dents), mais également One Problem Always Changes To Another, un morceau empli de choeurs écoeurants, et sans nul doute écrit à l’attention des nombreux fans d’ABBA, dont tout le monde ne fait heureusement/malheureusement pas partie.
Écopant pour sa part d’un patronyme à rallonge, When They Put Me Back Together They Forgot to Turn Me On constitue elle un très grand moment de solitude, tout le contraire d’un Control autrement plus maîtrisé, et qui possède quelques arguments propres à en faire un titre de dark-pop au demeurant pas désagréable (voix féminine caverneuse et habitée, rythmique métronomique...).
A l'heure de faire les comptes, State Of Wonder et Mexico apparaîssent donc comme ce qu'il y a de plus comestible sur Love Is Symmetry, le second pouvant même se targuer d'être un chouette morceau de folk, aussi frais qu'élégant.

Rien de plus à dire à ce stade, si ce n'est que si ce disque devait être résumé à l'aide d'un paradoxe, d'aucuns se laisseraient sûrement à énoncer celui-ci : Love Is Symmetry est excessivement lourd, et pourtant si creux.