Arcane Roots

Après leur mini album, Left Fire, paru début 2011, nous attendions impatiemment le premier long format d'Arcane Roots, trio prometteur, bien que nous ayant laissés entrevoir quelques écueils sur leurs derniers titres en date. C’est donc avec Blood and Chemistry qu’ils se jettent dans le grand bain, sous les éloges de la presse musicale, mais qu’en est-il vraiment ? Talent confirmé ou douche froide ?

Ne laissons pas planer le suspense : Blood And Chemistry risque de décevoir autant qu’il ravira.
Bien que piochant trop allègrement dans des influences mal dissimulées et digérées, Arcane Roots avaient jusqu’alors fait preuve d’une inventivité et, surtout, étaient venus nourrir la scène hardcore d’Albion en y ajoutant un piment de psyché pour un résultat aussi surprenant que vivifiant.
Ici, les Anglais feignent de vouloir surprendre en abusant des structures de morceaux faussement alambiquées comme l’illustre la très funky Sacred Shapes : dans sa dernière minute, le titre stoppe, sans prévenir, pour se muer en une ballade acoustique ; au lieu de surprendre, l’effet tend plus vers l’incompréhension de couper net pour offrir un finale aux antipodes du reste du morceau. Tentant de reproduire les structures musicales du prog-rock ou du rock alternatif, ils ne parviennent pas à dissimuler leur maladresse dans les transitions.

Cependant, Blood and Chemistry a tout d’un album à succès ; dans la veine de Biffy Clyro ou de Dry The River, il mélange les genres et réussit à proposer une version édulcorée des gros riffs et chant screamo propres au post-hardcore. Musicalement, Arcane Roots se nourrissent du rock progressif, du math-rock mais ce que l’on retient avant tout de cet album, c’est l’instantanéité de la dizaine de titres. Resolve, leur premier single, est ainsi bien pensée avec son alternance couplets/refrain ultra efficace que l’on imagine reprise dans les stades et c’est à cet instant que la dimension première de Blood and Chemistry nous sautent aux yeux : le chant grandiloquent d’Andrew Groves devient presque gênant tant il y met de l’émotion qui manque cruellement d’honnêteté.
Il ne faudrait toutefois pas réduire ce premier opus d’Arcane Roots à ses passages légers car ils sont aussi capables (et c’est aussi la raison pour laquelle l’album ne pouvait que nous décevoir) de faire preuve d’un talent indéniable ; l’entame sur Energy Is Never Lost, Just Redirected, propose un début atmosphérique et vaporeux et le ton se durcit très vite pour un condensé des genres durant quelque cinq minutes. De même, Second Breath vient redonner espoir sur la direction artistique du groupe : leur prog-rock entrecoupé d’intermèdes calmes tout en tension et la guitare qui file de riffs en arpèges, ne cessant de se renouveler, nous rappellent, une fois encore, la grande époque des premiers albums de The Mars Volta.

Blood And Chemistry fera sans conteste parler de lui et ravira beaucoup d’auditeurs mais il laissera également perplexes une partie d’entre eux, notamment ceux qui les avait aimés pour leur facilité à mélanger des styles plus violents souvent difficiles d’accès aux non-initiés. Andrew Groves fait preuve d’une maîtrise vocale époustouflante tandis que les musiciens semblent être une dizaine, et non trois, pour remplir l’espace sonore. Néanmoins, le groupe tombe dans la facilité et, surtout, la grandiloquence, rendant ses compositions moins convaincantes et tendant surtout vers la démonstration.