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Arcane Roots

Heaven And Earth

Arcane Roots - Heaven And Earth
Chronique Single/EP
Date de sortie : 16.10.2015
Label :Sony RED
1
Rédigé par Hugues Saby, le 20 octobre 2015
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Pour joindre les pompiers, composez le 18. Ou alors, écoutez le nouvel EP d'Arcane Roots, Heaven & Earth. En cas d'urgence, vous risquez de rester sur le carreau ; en revanche, si vous aimez les gros casques bien brillants et les concours de la plus grande lance, vous serez servis. Car s'il y a un adjectif à choisir dans le dictionnaire pour caractériser ce disque, c'est bien celui-ci : pompier.

Oscillant entre un métal lourdingue au lyrisme déplacé et une power pop très convenue, le groupe semble chercher tout au long des cinq titres du disque une identité musicale inexistante. Côté influences, on oscille entre At The Drive-In et Incubus pour le meilleur ; Biffy Clyro et Twin Atlantic pour le pire. Pas un hasard d'ailleurs si les Arcane Roots ont fait la première partie de ces deux derniers groupes. Entre soldats du feu, on se serre les coudes. Pas étonnant non plus qu'ils aient aussi ouvert le bal (des pompiers, évidemment) pour Muse lors de quelques dates en Europe il y a deux ans. Car à l'instar de ces groupes, non dénués de talent mais le gâchant désespérément dans une sorte de surenchère hard FM visant à afficher clairement leur ambition stadière, Arcane Roots ont leurs bons moments. Les ambiances atmosphériques lancinantes patiemment construites de Slow Dance, par exemple, sont plutôt réussies, combinées à des riffs de guitares ciselés et destructeurs, à une batterie métronomique et rageuse et à une voix écorchée évoquant parfois le Linkin Park des débuts. Certains passages emo ou postcore réussissent à nous emmener là où ils le souhaitent, sur les hauteurs.

Mais c'est pour mieux nous entraîner aussitôt dans un abîme de vulgarité vocale et musicale sans fond. Tout y est : les coupures gênantes d'incohérence entre ballades à fleur de peau surjouées et envolées métal ou pop pesant des quintaux et dignes d'un jeu de baston sur Megadrive (If Nothing Breaks, Nothing Moves) ; pont —ou morceau, pas facile de le savoir— caché après une minute chrono de silence (Vows & Ceremony) ; voix chevrotante façon Metallica fin de banquet doublée d'un écho systématique et juxtaposée à des chœurs tribaux, une caisse claire balourde sur les temps et des solos de guitare dignes de Dousseur de Vivre (When Did The Taste Leave Your Mouth, Slowdance) ; minauderies vocales sur accords mineurs suivies de montées de batterie et de refrains bourrés de réverb (Leaving)... Tout cela est très fatigant, et bien sûr pas original pour un clou.

Il faut dire que jouer une musique qui équivaut à brandir un panneau quatre par trois portant la mention « NOUS VOULONS JOUER DANS DES STADES » demande quelques sacrifices. Notamment de perdre toute ambition de créativité ou de finesse, et de privilégier une seule chose : des refrains surpuissants que l'on souhaite voir repris en chœur dans les festivals. Cette mode dans le rock et le hard rock devient passablement pénible, et Arcane Roots et toute leur clique (à part peut-être Biffy Clyro, groupe bien établi outre-Manche et qui sait tirer son épingle du jeu grâce à un petit quelque chose en plus dans la composition et l'interprétation) feraient bien de se pencher un peu sur la qualité de leur musique avant de se voir, déjà, en haut de l'affiche.

Malgré quelques étincelles ici et là (ces fameux moments atmosphériques déjà évoqués), à l'image de ce break dynamique très intelligent (mais bien réchauffé) durant Leaving, brefs moments de répit dans cette tempête indigeste d'ambitions affichées, Heaven & Earth récolte la note qu'il mérite : un vilain 1 sur 5, qui sanctionne une prétention énorme sans arguments de fond pour la justifier. En langage vulgaire, on appelle ça péter plus haut que son cul.
tracklisting
    01. If Nothing Breaks, Nothing Moves
  • 02. When Did The Taste Leave Your Mouth
  • 03. Leaving
  • 04. Slowdance
  • 05. Vows & Ceremony
titres conseillés
    Leaving, Slowdance
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