Arcane Roots
Enter Shikari

J'arrive à la Cigale transie de froid et trop tard pour voir les français de Merge ouvrir les hostilités de cette soirée qui promet d'être riche en énergie.



Le premier groupe anglais de la soirée est déjà à l'œuvre devant un public qui visiblement est arrivé tôt pour ne pas les rater. Arcane Roots déroule son court set de rock bien appliqué et énervé juste comme il faut. Le groupe parfait pour une première partie : suffisamment dynamiques pour chauffer la salle mais pas assez original pour voler la vedette. En effet, le son du trio londonien manque plutôt de saveur malgré une interprétation maîtrisée.



« Showtime in 10 minutes ! ». C'est au son d'un medley dance-disco entrecoupé d'un compte à rebours que s'égrènent les dernières minutes avant l'entrée en scène d'Enter Shikari. La salle est loin d'être comble ce soir, le balcon de la Cigale est totalement vide et son accès est même fermé. Mais qu'à cela ne tienne, les fans vont compenser ce vide par une ardeur redoublée, à n'en point douter. Et en effet, dès que les quatre anglais pointent le bout de leur nez sur la scène, c'est la folie dans la fosse. Ils attaquent avec The Appeal & The Mindsweep I, morceau d'ouverture de leur nouvel album The Mindsweep qui fonctionne également parfaitement pour ouvrir un concert. Le public ne se fait pas répéter cet appel et répond présent. Les fans hardcore du groupe forment visiblement le gros des troupes et connaissent les paroles par cœur même pour les tous nouveaux morceaux.

Derrière le quatuor des guirlandes lumineuses qui s'entrecroisent et montent vers le plafond servent d'écrin futuriste et onirique à leur prestation. Rou Reynolds, dont le dynamisme n'a d'égal que son charisme, volerait presque la vedette à ses camarades de jeu ! Alors que je regarde le concert depuis la coursive, je le vois d'un seul coup empoigner sa guitare et son pied de micro et descendre de scène pour venir nous rejoindre. Hystérie garantie. Le fil du microphone me loupe de peu mais ça vaut le coup.



Si ce soir le nouvel album est mis à l'honneur, tournée promo oblige, on retrouve aussi d'anciens morceaux comme Juggernauts ou Mothership qui font toujours leur effet. Le groupe est d'ailleurs ravi et remercie le public parisien de son accueil, Rou nous dit gentiment qu'il n'a jamais vu autant de sourires sur les visages qu'ici. En effet le public a beau reprendre en cœur les paroles de révolte, parfois sombres, des chansons du groupe, c'est une franche bonne humeur qui règne dans la salle. Un sentiment de bonheur partagé, de cohésion. Quelque part dans la chaleur du pogo, pouvoir crier en cœur avec Rou « we're sick of this shit ! » , et affirmer son refus du monde corrompu qui nous entoure, ça fait du bien.

Histoire de se calmer un peu, c'est un début de rappel avec le chanteur seul au piano pour Dear Future Historians... Il nous prévient par avance qu'il est un peu rouillé et qu'il risque de faire des fausses notes. Peu importent les éventuelles faussetés car l'émotion est au rendez-vous, et il est bluffant de constater comment le groupe fait le grand écart entre les styles sans perdre en sincérité. Balade au piano, screamo, drum n'bass, si cela peut parfois être déstabilisant sur album, en live l'énergie insufflée fait que tout s'imbrique et les styles se marient dans une joyeuse fête sonore.

On ressort de là le cœur et les oreilles réchauffés.