Magistrates

Pour Magistrates, l'a vie n'a pas été un long fleuve tranquille au cours de la décennie écoulée, bien au contraire.

Après des débuts remarqués dès 2006 sous le nom d'Echelon pour Paul Usher, Mark Brandon et Andy Grant, c'est en 2008 que la formation voit le jour avec le recrutement de Thom Galbally à la basse. S'ensuit une ascension inespérée pour les anglais, marquée par les sorties de plusieurs singles à succès, une signature chez XL Recordings, l'enregistrement d'un premier album supervisé par Damon Albarn et... plus rien. Pas même la sortie dudit disque. Séparés au début de l'hiver 2009, à nouveau actifs quelques douze mois plus tard, Magistrates auront ainsi patienté trois années supplémentaires avant de publier un premier album, When We Are Apart, construit sur de nouvelles bases par un groupe opérant désormais en trio.

Si l'écoute, à leurs débuts, de Make This Work et plus encore Heartbreak et Goldlover, avait laissé entrapercevoir un groupe possédant un attrait certain pour les genres, pop, funk, soul et même disco en tête de liste, toujours à la recherche d'un refrain aguicheur et d'une mélodie entêtante, c'est bel et bien une nouvelle incarnation de Magistrates que ce disque nous permet finalement de découvrir en cet été 2014. Sans jamais renier leur intérêt pour la pop au sens large, les anglais nous livrent ici un disque plus épuré que leurs compositions passées pouvaient le laissait présager, mais aussi et surtout dans l'air du temps, l'ombre de Metronomy et de leur pièce maitresse, The English Reviera, planant ici sur plusieurs titres de l'album, à commencer par l'éponyme When We Are Apart au refrain attrayant mêlant voix masculine et féminine ou le court Achilles Heel et sa ligne de basse.

Très fortement ancrée dans les années 80s de par l'utilisation du clavier mais aussi de boîtes à rythmes ou percussions électroniques, la recette ici présentée fonctionne essentiellement lorsque le groupe ne réfrène pas ses ardeurs et cherche à présenter des pop songs dansantes, à l'image du single B.T.P.A, d'un Faces au tempo plus relevé, de Baby I Can't Let Go à l’efficacité certaine en dépit de textes trop mièvres voire d'un All The Stars groovy à souhait. A contrario, on préfèrera oublier She Don't Wanna, peu mémorable, le dispensable Anyway manquant cruellement de relief ou Do What You Do, trop simpliste et basé sur une ligne de guitare guère inspirée.

Sans savoir si ce disque sera synonyme d'envol pour Magistrates ou marquera au contraire un dernier chapitre dans l'histoire du groupe, When We Are Apart, s'il s'avère parfois inégal, constitue une démonstration certaine du talent du groupe mais aussi une délivrance probable après de longues années de persévérance.