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Magistrates

Interview publiée par Fab le 24 juillet 2009

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En attendant la sortie de leur premier album en début d'année 2010, Magistrates poursuivent leur chemin alors que le single Goldlover ne manquera certainement pas de devenir l'un des succès de l'automne à venir. Rencontre avec les quatre anglais...

Vous n'avez sorti que deux singles à ce jour mais le public français semble déjà vous avoir adoptés. Votre concert lors de la soirée Kitsuné au début du mois de juin était plutôt encourageant en ce sens...

Paul : Exactement ! Je dois dire que la réaction du public nous a fait plaisir ce soir-là, d'autant plus que nous étions fiers d'avoir été choisis par Kitsuné pour jouer lors de la soirée de lancement de leur nouvelle compilation. C'est une marque de reconnaissance de la part d'un label si reconnu, cela montre que notre musique s'exporte bien et peut plaire à différents publics.
Thom : A la base, notre musique est clairement pop, c'est un fait. Mais en creusant un peu plus, le public rock aussi s'intéresse à ce que nous faisons tout comme le monde de l'électronique. C'est positif pour un jeune groupe.

Votre succès est encore confidentiel au Royaume-Uni et bien entendu aussi en France, pouvez-vous donc vous présenter à ceux qui ne vous connaissent pas ?

Paul : Ma rencontre avec Mark date de l'école primaire et nous avons commencé à jouer de la musique ensemble vers l'âge de onze ans. Andy nous a rejoints quelques temps plus tard et nous avons ainsi joué dans différents groupes, tout comme Thom de son côté. Nous avons grandi dans le même quartier et il nous arrivait donc de nous croiser de temps à autres, jusqu'à ce que Magistrates nous réunisse.

A quel moment avez-vous compris qu'il était temps de passer à autre chose après votre précédent groupe, Echelon ?

Paul : Il est important de savoir que ces deux groupes ne sont pas liés, pas dans notre esprit tout du moins. Il n'existe même aucun lien entre Echelon et Magistrates, les époque et les personnes sont réellement différentes. Nous avons continué à jouer de la musique avec des amis après la séparation d'Echelon et nous avons rencontré Thom avec qui les choses sont devenues plus sérieuses.

Il était donc logique de laisser derrière vous toutes les chansons composées sous le nom d'Echelon ?

Paul : Encore une fois, nous sommes un nouveau groupe, nous ne pouvions donc plus jouer des chansons qui ne nous ressemblaient plus.
Mark : Nous avons participé à différents projets avant la création de Magistrates. Je pense que près de deux années se sont écoulées sans que rien de sérieux ne soit envisagé, il nous a donc semblé normal de partir sur de nouvelles bases. Aucun de nous ne pensait plus à Echelon depuis longtemps à ce moment là, nos esprits étaient frais pour créer quelque chose de nouveau.
Paul : Notre évolution est comparable à celle de Damon Albarn selon moi. Il a commencé par se faire connaître puis il a participé à d'autres projets comme Mali Music ou Gorillaz, mais sans jamais jouer de chansons de son ancien répertoire... ce que personne n'aurait compris d'ailleurs ! Notre raisonnement a été identique.

Vous avez signé un contrat avec XL Recordings il y a quelques mois, comment vous ont-ils convaincu ?

Paul : Je pense qu'Internet a joué un rôle important dans notre réussite. Nous avons beaucoup travaillé dès nos premiers mois ensemble puis nous avons mis quelques chansons en écoute sur notre page Myspace. Certaines personnes les ont écoutées et quelques offres ont commencé à affluer mais aucune ne nous semblait aussi intéressante que celle de XL Recordings. Nous cherchions un label avec qui construire une relation de confiance et je pense que nos interlocuteurs ont compris nos besoins. Il suffit par ailleurs de regarder leur catalogue et le succès rencontré par la plupart de leurs groupes pour comprendre que ce sont des personnes très qualifiées.

Pour en revenir à votre musique, vous mentionnez Prince, Talking Heads ou David Bowie parmi votre principales influences, est-ce que vous pouvez m'en dire un peu plus sur ce point ?

Paul : Ces trois artistes sont sans doute les plus représentatifs de nos goûts et de notre univers musical. C'est un sujet que je n'aime pas aborder car en général le public se contente de lire des listes d'influences pour juger les groupes sans chercher à écouter les chansons d'abord. Cela m'ennuie profondément.
Mark : Nous écoutons beaucoup d'autres choses, pas seulement ces trois artistes. Beaucoup de groupes des années 20s mais aussi Can par exemple. En tant que guitariste mon jeu est aussi influencé par Radiohead ou Blur. C'est exactement le genre de groupe que tu peux découvrir quand tu as dix ans et que tu écoutes encore quand tu en as dix de plus, ils t'accompagnent toute ta vie.
Paul : Plus encore que la musique, nous sommes parfois influencés par des personnes qui ont une certaine attitude et un sens de la prestation scénique plus développé.
Thom : J'ai toujours admiré les personnes capables d'apporter un peu de folie sur scène, par exemple avec des déhanchés sexy ou une attitude provocatrice. Sur ce point je pense immédiatement à Prince et Madonna, deux personnes libérées sur scène par rapport à leur sexualité et vraiment impressionnantes.
Paul : Certains artistes français aiment jouer avec la sensualité, non ? Serge Gainsbourg est un personnage vraiment important pour moi, autant pour la musique que dans son attitude.

Beaucoup de personnes vous considèrent comme l'un des jeunes groupes les plus prometteurs du Royaume-Uni, comment gérez-vous cette pression nouvelle ?

Paul : La pression est une notion très relative, elle augmente et diminue pour tout un tas de bonnes raisons. En fait je trouve plutôt positif que des personnes prennent le temps de parler nous, nous avons beaucoup travaillé pour le mériter. En aucun cas cela ne nous dérange, je dirais même que c'est quelque chose de plutôt excitant. C'est une étape logique dans notre évolution : de plus en plus de gens parlent de nous, ce qui en pousse d'autres à vouloir nous écouter.

Après deux singles ces derniers mois, la prochaine étape n'est-elle pas la sortie de votre premier album ?

Paul : Le disque est maintenant terminé à 99%, il ne reste plus que des détails à régler, comme l'artwork par exemple. Je pense que le plus dur est derrière nous mais la sortie n'est pas encore définie, peut-être plus tard cet automne ou même en début d'année 2010. Ce n'est pas un paramètre qu'il nous est possible de déterminer alors il faut attendre.

Diriez-vous que l'album est dans la lignée de Make This Work et Heartbreak ?

Paul : Les personnes qui ont apprécié les singles ne pourront que l'aimer, j'en suis convaincu.
Mark : Make This Work a toujours fait figure de modèle ou de moule pour nous. Nous avons utilisé cette chanson pour définir notre son et construire les autres éléments de l'album à partir de cette base. Certaines directions explorées sont malgré tout différentes et je pense que nos fans seront surpris positivement en les découvrant dans quelques mois. J'aime à penser que ce disque est une œuvre d'art cohérente du début à la fin et c'est ainsi que je le ressens quand je l'écoute.

Ces deux titres mis à part, vos quelques autres compositions qu'il est possible d'écouter sur Internet sont elles aussi efficaces et plutôt directes De là à penser que Magistrates pourrait rapidement devenir un groupe à singles dans l'esprit des amateurs de musique...

Mark : Nous n'écrivons pas des chansons dans l'optique de sortir des singles. En tant qu'amoureux de musique pop, nous nous efforçons malgré tout d'écrire des bonnes chansons, comme d'autres artistes dance, rock ou même soul l'ont toujours fait. Notre nature nous amène logiquement à composer des mélodies simples d'accès et efficaces, avec différentes textures pop ou plus électroniques. Magistrates est un groupe pop par nature mais nos influences nous amènent à explorer d'autres territoires.
Thom : J'aimerais réussir à enregistrer un album pop aussi marquant que ceux que David Bowie a publié dans le passé. Si cela nous amène à sortir de nombreux singles, je pense que ce sera aussi un gage de qualité d'une certaine manière.

Vous avez travaillé avec Damon Albarn de Blur pour cet album, pouvez-vous m'en dire plus sur cette rencontre ?

Paul : Damon Albarn travaille constamment sur différents projets et l'un d'entre eux est sorti chez XL Recordings, il connait donc quelques personnes là-bas. Il a entendu parler de nous et lorsque le moment d'enregistrer l'album est venu il nous a proposé de passer quelques temps dans son studio. Il était hors de question de refuser et près de la moitié des chansons sont donc nées là-bas. Son ingénieur du son, Jason Cox, était à nos côtés constamment mais Damon venait nous voir très régulièrement pour nous donner des conseils. Nous avons construit une vraie relation de confiance avec lui, et lorsque nous sommes retournés dans son studio quelques mois plus tard pour mixer certains titres il nous a encore apporté son expérience.

Dirais-tu que Damon a influencé l'album à sa manière ?

Thom : Je ne crois pas que c'était son but. Dès notre première rencontre j'ai ressenti un intérêt sincère de sa part pour notre musique, rien de plus. Il voulait juste nous aider.
Paul : Il ne s'est pas comporté comme un producteur ou un manager, il ne nous donnait pas des directives. Il écoutait les chansons et la manière dont nous progressions et il nous proposait des pistes à explorer.
Mark : Je le considère plus comme un mentor musical...
Paul : Tu veux dire un gourou ? (rires)

Cet album ne devrait pas sortir avant plusieurs mois, comment envisagez-vous la période à venir pour le groupe ?

Thom : Maintenant que le disque est fini je pense qu'il ne reste plus qu'à attendre que le public l'écoute...
Mark : Il est normalement prévu que nous sortions deux singles supplémentaires avec l'album, ce qui nous amènera très certainement à donner quelques concerts.
Paul : Nous allons être très occupés cet été par les festivals, ce qui est une bonne chose. J'espère que nous reviendrons jouer en France, l'accueil du public mais aussi de notre maison de disques y est très chaleureux. Nous ne sommes pourtant pas français mais c'est tout comme !