Les français de
Metro Verlaine ont beau dédier leur concert à Joy Division, de Joy Division, on en est loin. L'un des titres du groupe a beau s'intituler
Manchester, cela n'est pas suffisant pour réveiller les fantômes mancuniens. On s'ennuie fort durant leur set qui est pourtant très rock. La guitare et la basse font leur effet mais c'est au chant que le bât blesse. Celui-ci s'avère trop stéréotypé, sans véritable âme. Bref, une prestation qui ne restera pas dans les annales.
Il faut dire qu'ouvrir pour les
Buzzcocks n'est pas chose aisée. Les mancuniens ont fêté l'an dernier leurs quarante ans de carrière et pas une ride au compteur. Le concert de ce soir est, n'ayons pas peur des mots, extraordinaire. Le concert juste parfait, celui dont on rêve secrètement, où tout n'est que beauté. Et en plus de cela, une communion parfaite avec le public. Les Buzzcocks ont tout pour se comporter comme des stars et au contraire ils apparaissent d'une grande simplicité, gardant en cela l'âme véritable du punk. Tout au long du concert, Steve Diggle tape dans les mains des spectateurs des premiers rangs.

Il est d'ailleurs en forme olympique ce soir, tout de rouge vêtu, et mouline sa guitare comme Pete Townsend à la grande époque des Who. Pete Shelley bouge lui peut être un peu moins qu'autrefois mais sa voix, elle, n'a pas bougé. Quant à Tony Barber qui a rejoint le groupe en 1992, il est un bassiste de très haut niveau. Il dégage de plus un charisme indéniable.
Dès les premières notes de
Fast Cars, on sait que l'on va assister à un grand moment. Le groupe débute pied au plancher et assène d'emblée plusieurs de ses classiques :
Love Battery, Orgasm Addict, What Ever Happened To? ou
I Don't Mind, tous exécutés dans des versions splendides. En observant le groupe, on se rend compte à quel point les Buzzcocks ont été une usine à tubes et l'une des références pour toutes les vagues pop/punk des dernières décennies. A soixante balais, ils sont encore phénoménaux et en imposent à bien des groupes actuels. C'est simple, la classe, ça ne s'invente pas.
Le groupe ne se contente pas de puiser dans son back-catalogue et offre des morceaux des albums de 2003 et 2006 :
Lester Sands, Sick City Sometimes ou
Soul Survivor. Ces trois titres sont presque aussi bons que leurs plus grands morceaux. Les Buzzcocks ne jouent pas comme certains vieux groupes la carte de la nostalgie. C'est un groupe qui, en 2017, a encore des choses à dire.

Les morceaux s'enchaînent avec cet équilibre parfait entre pop et punk qui fait des Buzzcocks les cousins anglais des Ramones. Il y a chez eux, et on ne l'a pas assez noté, un petit côté pop californienne ensoleillée. Après quelques titres plus récents, le groupe repart dans la fournée à classiques :
You Say You Don't Love Me, Love You More, Noise Annoys, un
Promises d'anthologie et
Harmony In My head. On aimerait que ce concert ne s'arrête jamais.
Le groupe termine par un
What Do I Get? repris en choeur par le public et
Ever Fallen in Love (With Someone You Shouldn't've) qui nous met les larmes aux yeux devant tant de beauté, puis revient et livre en rappel
Breakdown et
Boredom, tout simplement sublime. Encore un classique, il y en a tant qu'on ne les compte plus.
En une heure vingt de temps, les Buzzcocks ont livré un concert phénoménal, du genre qui vous restent en mémoire des années durant. Etre encore capable d'un tel niveau musical, quarante ans après leurs débuts, chapeau bas.