The Subways

Difficile de rester objectif sur un groupe qui nous a marqué étant jeune. The Subways peuvent être, pour certains, de ceux-là. Émergeant en 2005 au moment où de nombreuses formations de rock s'engouffraient dans la brèche « retour du rock » amorcé par The Strokes et The Libertines, The Subways tiraient leur épingle du The en affichant un rock brut et sans fioritures.
Sort en ce mois de février le quatrième disque du trio anglais, marqué par l'empreinte punk des débuts comme l'annonce son titre éponyme. Un retour aux sources bienvenu mais qui, en 2015, ne suffit plus, autant pour les vieux mélomanes aguerris que pour les jeunes attirés par des London Grammar et Alt-J.

Débutant avec My Heart Is Pumping To A Brand New Beat, les trois musiciens renouent immédiatement avec la nervosité de Rock & Roll Queen et Young For Eternity. L'énergie est clairement là, la guitare toute électricité dehors, la batterie indomptable, la voix rageuse et à bout de souffle... mais rien n'y fait : impossible de montrer un semblant d'intérêt. Le couplet donne l'impression d'un Fratellis au rabais tandis que le refrain se rapproche davantage des Foo Fighters que des Vines.
S'ensuit heureusement I'm In Love And It's Burning In My Soul qui parvient bien plus à nous rappeler les débuts du groupe, délivrant une rythmique basique et des riffs primaires qui vont droit au but. Le chant de rockeur adolescent de Billy Lunn fait le job tandis que les chœurs de Charlotte Cooper sur les refrains nous font enfin de nouveau vibrer. On n'est donc pas étonné lorsque l'on apprend que la chanson provient de l'époque de Young For Eternity. Hélas, le groupe revient aussitôt après dans ses travers rencontrés sur les deux précédents albums, s'engonçant sur Taking All The Blame et l'inutile Just Like Jude dans une pop punk éreintante, avant de partir sur du rock ronflant avec Dirty Muddy Paws et Good Times, pour terminer sur une ballade joliment ratée avec Because Of You.



Alors que l'on est tenté de perdre tout espoir, la seconde moitié d'album va s'avérer beaucoup plus réussie, à commencer par We Get Around. Tout comme sur les deux premières plages, on retrouve dès les premières secondes la candeur et la sincérité des débuts. Bestiale, la guitare est soutenue par des accords de basse subtils, tandis que la voix de Charlotte Cooper une nouvelle fois nous enchante, avant de conclure sur un solo exalté.
Plus loin, Pet Boy, même si loin d'être la composition la plus intéressante du disque, affiche un refrain pop entraînant avant de terminer sa course sur des hurlements enragés. S'ensuit la surprenante Black Letter qui mêle riffs à la Black Keys, couplets à la frontière du hip-hop et refrains post-grunge. Twisted Game reprend la formule gagnante couplet chanté par Lunn/refrain chanté par Cooper, ici dans un style 100% hardcore punk où la voix de Lunn n'a jamais été aussi perçante.

Young For Eternity aurait-il le même impact si je l'écoutais pour la première fois aujourd'hui ? La question peut être légitimement posée à l'heure où j'écris ces lignes en écoutant With You et son refrain d'une perfection folle, tout en sachant pertinemment qu'il n'a rien d'extraordinaire ni d'innovant.
Car hélas, contrairement à ce que nous laisse penser le titre du premier album de The Subways, on ne reste pas jeune pour l'éternité. Et son contenu nous le rappelle tout autant, rempli de chansons rock rentre-dedans que l'on trouverait aujourd'hui simplistes et déjà vu.

Certains groupes, dont font partie The Subways, se doivent d'être écoutés à l'adolescence puis, une fois le moment venu, rangés sur une étagère pour ne garder que les bons souvenirs de Hot Fuss, Whatever People Say I Am, That's What I'm Not, High/Low, Americana et Young For Eternity.