LoneLady

Cinq ans après son premier album Nerve Up, Julie Campbell, alias Lonelady, revient avec toujours autant d'énergie et d'éclectisme dans ses inspirations. Imprégné des ruines post-industrielles de sa ville natale, Manchester, Hinterland, son deuxième album, se situe à la croisée de genres musicaux. Genres qui se retrouvent unifiés autour de ce paysage urbain aussi réel qu'imaginaire mais qui l'habite sans cesse et qu'elle tente ici de retranscrire au mieux.

Forte d'un projet attractif et d'un équipement incroyable (l'album fut pratiquement intégralement enregistré en home studio) Lonelady prend le pari de miser sur le contenu de ses morceaux plus que sur leur quantité, ainsi les neuf titres ne tombent pratiquement jamais sous les cinq minutes. Mais une telle entreprise n'est pas sans risque.
Julie Campbell allie de manière étrange mais pourtant assez intéressante, une base rythmique minimal-wave à l'aide de sa boîte à rythme (utilisée par Depeche Mode entre autres) à des arrangements autant post-punk que funk comme elle le décrit. En témoigne d'ailleurs l'écoute de Groove It Out dont les synthétiseurs sont tout droits débarqués des années 80 alors que la ligne de guitare détient des couleurs disco, donnant au morceau une tournure globale presque techno. Dans sa quête de description musicale des déserts industriels, Lonelady semble avoir réussi son projet avec Silvering dont la rapidité des guitares alliée à des arrangements proches de ceux qu'auraient pu effectuer Death In Vegas, colle le mieux avec l'idée que l'on peut se faire d'un paysage manufacturier.

Néanmoins, l'inconvénient de la longueur de ces morceaux est qu'ils suscitent une attente à l'écoute, espérance de ce moment où la chanson s'élèvera, s'intensifiera ou même, plus simplement, évoluera. Sauf que de ce point de vue, l'on est régulièrement déçu sur cet album. La plupart des titres sont d'une durée telle que l'on pourrait s'en faire des montagnes alors qu'en réalité ceux-ci accouchent le plus souvent de souris. Ainsi en va-t-il de Flee! qui démarre avec une instrumentale apaisée sur laquelle la jeune anglaise vient appliquer sa voix puissante à la manière de Björk, sans que jamais le morceau ne décolle, tant et si bien qu'arrivée la dernière minute, on est presque soulagé.

S'il est toujours plaisant de voir naître aujourd'hui des artistes soucieux de remettre au goût du jour le post-punk industriel, Lonelady, que l'on pourrait placer dans la lignée de Cabaret Voltaire entre autres, a encore beaucoup de chemin à parcourir pour se distinguer véritablement des tous ces groupes auxquels on l'assimile.