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Eaves

What Green Feels Like

Eaves - What Green Feels Like
Chronique Album
Date de sortie : 27.04.2015
Label : Heavenly Recordings
45
Rédigé par François Freundlich, le 26 avril 2015
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En cette première moitié d'année 2015, il semble que les jeunes songwriters de génie sortis d'on ne sait quelle tanière pullulent. Après l'enthousiasmant album de Tobias Jesso Jr, la réponse anglaise s'appelle Joseph Lyons, aka Eaves, un chevelu de Leeds semblant à peine sorti de l'adolescence si l'on en croit ses photos qui nous font un peu penser à une fusion des frères Hanson avec Neil Young en 1971. Mais que nenni, nous crions au génie, estomaqué que nous sommes devant ce disque extatique et écorché qui nous ferait presque nous prosterner dès la première écoute !

Son premier EP sorti en fin d'année annonçait la couleur (verte en l'occurrence), mais ces neuf titres, tous assez longs, sont d'une profondeur et d'une intensité folle. La surprise ressort dans chaque composition d'Eaves. Il parvient à sublimer des superpositions de guitares ou de piano complexes dans des sonorités frôlant le sublime. La folk baroque et expansive s'exprime dans son vêtement le plus beau au travers de ressorts méticuleux et labyrinthiques, entre le bucolique d'un acoustique léger et le tsunami tourbillonnant qui emporte les refrains dans des excitations éloignée de tout rivage. La voix troublante et troublée nous chuchote des déliés et entrelacs, nous rappelant les aiguës de Jeff Buckley ou les graves de Grizzly Bear au sein de compositions en perpétuel mouvement.

Dès l'ouverture sur le single Pylons, ces « don't believe me » s'ancrent directement dans notre esprit, portés par cette guitare acoustique claire et cristalline. Eaves nous fait ensuite le coup de l'emballement, qu'il aime à répéter sur tout ses morceaux : la batterie s'excite subitement et une extase de chœurs divagant surplombe subitement la guitare électrique torturé. Cette dernière prendra des résonances dissonantes, post-rock ou psychédéliques sur Dove In Your Mouth, titre qui paraissait pourtant conventionnel au premier abord. Mais rien n'est joué d'avance sur ce disque puisque la simplicité des ballades intimistes en guitare voix ou piano voix sont aussi brutes que les énervements paroxystiques.

Le piano semble remplacer la guitare au milieu du disque avec la douceur de Timber ou de Horn a Gum et sa touche bluesy accouchant d'un instrumental géant de deux minutes ou s'entrechoquent cordes, cuivres et autres bruitages glacés. Alone In My Mind et ses descentes mélancoliques bouleversantes semble avoir été écrite dans les années 60 avec ses impressions de Neil Young ou de Bob Dylan. Le genre de chanson qu'on a envie de réécouter allongé, seul et à l'infini pour ressentir encore et encore cette torsion qu'elle provoque dans les cotes. Les méandres bruitistes et alvéolés de Purge nous achèvent finalement sur plus de huit minutes.

Des personnalités multiples se cachent réellement derrière Eaves : nous tenons là un songwriter interprète de génie, à qui on pourrait reprocher parfois d'en faire trop dans l'imitation de ses glorieux ainés. Ses références sont toutefois tellement bien assimilées qu'on ne peut qu'approuver l'audace. Joseph Lyons a tellement de cordes à son arc que son album pourrait bien être l'un des grands disques de 2015. Nous sommes fin prêts à le crier sur les toits.
tracklisting
    01. Pylons
  • 02. Dove In Your Mouth
  • 03. Spin
  • 04. As Old As The Grave
  • 05. Timber
  • 06. Hom-A-Gum
  • 07. Alone In My Mind
  • 08. Purge
  • 09. Creature Carousel
titres conseillés
    Alone in My Mind, Pylons, As Old As The Grave
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