Eaves

Expérience des plus bizarres que l'écoute de cet EP. Pour être franc, je n'eus que très rarement l'occasion de chroniquer sur un enregistrement sans que celui-ci n'évoque strictement rien. Une première donc ! Par déontologie, nous nous obligerons ici à la courtoisie : exercice ordinaire pour la plupart d'entre vous, quoiqu'une légère promenade au sein de notre cher métro parisien puisse témoigner du contraire ; mais également art rhétorique des plus complexes face à ce genre de situations si... insipides. Dans la plus pure lignée du « roman sur l'ennui », mesdames et messieurs, voici venir Eaves !

Tout d'abord le format très court, même pour un EP, ça frôle le maxi. Encore, passons. Le soucis, c'est qu'il ramène au devant le sérieux manque de contenu. Vous l'aurez compris, on commence par le titre phare, maladroite complainte à peine accompagnée et où les prises vocales se superposent... pour mieux diverger ! Bien que n'ayant jamais été confronté au cas par le passé, je suppose que le strabisme vocal lui aussi se soigne, non ? La remise en question et le vœu de silence paraissent de bons remèdes, je lui ferai une ordonnance.

De plus, l'écriture n'est clairement pas au niveau : ne s'autoproclame pas, et je cite d'après la page du Monsieur, « singer/songwriter » celui qui entame ses compositions par « Father, you drunk » ; et n'est pas Elliott Smith qui veut. Il est actuel de traiter de sujets sensibles pour afficher un certain côté subversif, n'empêche que quand on aborde des thèmes si personnels de façon négligée et peu originale, sans aucune touche intime ou fantaisiste, la supercherie ne prend pas. Ainsi, je crie à l'escroquerie !

Je vous épargne la suite, simple fac-similé de sonorités ether-pop prémâchées saupoudrées de temps à autre par quelques parties vocales incohérentes. Alors j'en vois venir qui me rétorqueront bien naïvement qu' « au fond, c'est joli, c'est touchant », cédant ainsi à la sympathie facile et à la complaisance ambiante à l'heure de l'uniformisation musicale. Eh bien non, mesdames et messieurs, ces attitudes n'apportent et ne changeront rien à la situation en place. En y prêtant une oreille attentive, chacun arrivera à la même conclusion : encore un produit qui ne marque et ne se démarque pas, malheureusement.