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Róisín Murphy

Hairless Toys

Róisín Murphy - Hairless Toys
Chronique Album
Date de sortie : 11.05.2015
Label : [PIAS] Recordings
3
Rédigé par Jean Duffour, le 2 mai 2015
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Dix ans après son premier effort solo, Róisín Murphy signe son retour avec Hairless Toys. Et une chose est certaine, le troisième album de l'ex-moitié de Moloko est aussi éloigné temporellement que musicalement du fameux Ruby Blue. Finis le nu-jazz et le saxophone, place à un disque d'électronique pure avec comme autre particularité notoire : pas un titre qui ne dure moins de quatre minutes, voilà de quoi s'occuper.

En dépit de l'extrême longueur des pistes (l'une d'entre elle dépasse les neuf minutes), la chanteuse d'Arklow fait la part belle à des compositions minimalistes et aux arrangements très épurés. L'album commence donc dans le chuchotement de Gone Fishing, où instruments comme voix semblent vouloir prendre le moins de place possible au sein du morceau. Les paroles à peine soufflées, tout juste audibles et la base rythmique très en retrait tiennent la chanson, ponctuée par moments de quelques notes électroniques, soit rien de réellement transcendant finalement.

La suite s'intensifie quelque peu, notamment sur la très robotique Exploitation, chanson où Róisín assène comme une rengaine « Who's exploiting who ? » sur fond de synthétiseurs mécaniques, le tout tenu par boîte à rythme qui martèle le tempo à vive allure. A l'image de ce morceau, l'influence de Kraftwerk, pour ne citer qu'eux, se ressentira d'un bout à l'autre de ces huit titres avec plus ou moins de vigueur.

L'album arbore également quelques facettes plus techno, en témoigne la très étrange et frénétique Uninvited Guest. Toujours aussi minimaliste dans son approche, le chant est une nouvelle fois en retrait et tout en retenue avec une nouveauté cette fois, la présence de choeurs et de sifflements. Les accents nu-jazz ressurgissent ainsi par endroits aux sons de guitares légères et du piano exalté. Exile intervient alors au beau milieu de cet univers d'automates, comme un poème électronisé, récité sur des notes de guitares étirées langoureusement hors des tonalités, une belle surprise au milieu d'un album qui en manque un peu au fur et à mesure que s'enchaînent les morceaux.

Pour ce projet véritablement expérimental, Róisín Murphy semble vouloir renouer avec son premier amour qui l'avait lancée vers le succès, sans véritablement y apporter de touche novatrice, mais en imposant à défaut, sa maturité et son savoir-faire en la matière. L'album ne frise pas vraiment avec le génie, et l'expérience nous laisse autant sur un goût d'inachevé que sur une impression très partagée : s'agit-il d'un projet volontairement décousu ou d'un disque complètement brouillon ? On pencherait pour la première approche, même si l'inégale qualité des titres n'interdit pas de souscrire à la seconde option.
tracklisting
    01. Gone Fishing
  • 02. Evil Eyes
  • 03. Exploitation
  • 04. Uninvited Guest
  • 05. Exile
  • 06. House Of Glass
  • 07. Hairless Toys (Gotta Hurt)
  • 08. Unputdownable
titres conseillés
    Exploitation - Uninvited Guest - Exile
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