logo SOV
And So I Watch You From Afar - Heirs
Chronique Album
Date de sortie : 04.05.2015
Label : Sargent House
25
Rédigé par Amandine, le 13 mai 2015
Bookmark and Share
And So I Watch You From Afar avaient débuté en 2009 en frappant très fort avec leur premier album éponyme ; on découvrait alors leur mélange de math et post-rock, à la fois hypnotique et puissant, dansant et exubérant. En 2013, ils nous avaient mis la claque ultime avec All Hail Bright Futures, sérieusement plus joyeux et optimiste que les précédents. Au fur et à mesure de leur discographie, And So I Watch You From Afar ont toujours dévoilé un brin de folie, une légèreté qui venait contrebalancer la technicité écrasante de ses membres. En évolution constante, sans avoir peur de se remettre en question, les Irlandais proposent aujourd'hui avec leur quatrième album, Heirs, une nouvelle étape de leur construction.

Après l'incontestable réussite de All Hail Bright Futures, c'est confiants que nous entamons sur Run Home et nous ne sommes pas dépaysés puisque le morceau reste dans la veine de l'album précédent, avec à la fois les riffs un peu fous, les guitares dansantes et le désormais traditionnel chant qui n'en est jamais véritablement un. Là, à peine plus de deux minutes après l'entame, arrive inopinément un gros moment de post-rock contemplatif qui laisse présager le meilleur. On constate que l'évolution amorcée sur l'album précédent, à savoir la présence de plus en plus prégnante du chant, inexistant à l'origine, est désormais encore plus forte. En live, ce choix apporte une cohésion encore plus totale avec le public qui peut ainsi reprendre en chœur les refrains enthousiastes des Irlandais. Ici, le chant n'est plus juste quelques mots scandés mais devient un instrument à part entière (These Secret Kings I know) et nous en arrivons à une constatation ultime : And So I Watch You From Afar sont devenus trop bavards.

Heirs reprend les fondements de son prédécesseur, avec des tonalités légères, reléguant au second plan les morceaux musclés de leurs débuts. Sur cet album, et ce pour la première fois, on tourne un peu en rond, c'est plat et uniforme. Si l'on ne doute pas de sa force sur scène, le problème est peut-être justement que cet album est trop pensé pour le live et sur album, ça ne fonctionne pas. L'arrivée inopinée du rock progressif (Animal Ghosts) ne fera que confirmer notre ressenti.
La majorité des titres sont courts et n'excèdent pas les quatre minutes, ce qui confère à l'album un rythme sans discontinuité. Néanmoins, le virage continue de s'affirmer et Redesigned a Million Time nous laisse à penser que l'on a bel et bien perdu And So I Watch You From Afar ; cette mélasse emo ne colle pas avec l'image musclée du groupe, que l'on retrouve toutefois à quelques trop rares moments (People not Sleeping). Quelques bouffées d'air frais ont lieu avec les guitares sautillantes de Heirs, titre éponyme, mais elles ne suffisent pas à nous convaincre.

L'impression générale que nous laisse ce nouvel album serait-elle le témoin d'une ultime évolution qui pousse And So I Watch You From Afar du côté de la pop ? Le manque de titre phare se fait pour la première fois ressentir. Auparavant, on évoquait la lourdeur d'un Pelican ou d'un Isis et la légèreté d'un Battles mais là, on ne peut plus utiliser les mêmes comparatifs. Ce qui faisait l'audace du groupe dans l'opus précédent devient ici son talon d'Achille. Ils ne nous surprennent pas et nous déçoivent par la même occasion. Espérons que les Irlandais redresseront le tir rapidement.
tracklisting
    01. Run Home
  • 02. These Secret Kings I Know
  • 03. Wasps
  • 04. Redesigned a Million Time
  • 05. People Not Sleeping
  • 06. Fucking Lifer
  • 07. A Beacon, A Compass, An Anchor
  • 08. Animal Ghosts
  • 09. Heirs
  • 10. Trier, You
titres conseillés
    Run Homes, A Beacon, A Compass, An Anchor
notes des lecteurs
Du même artiste